À Tolède, on peut visiter le Musée du Greco, un peintre du XVIe siècle, né en Crète et ayant fini sa vie dans cette ville. Léonor de Récondo est invitée à passer une nuit dans ce musée. Elle s’y est préparée et la nuit est arrivée. Il fait très chaud dans cette nuit de Tolède. C’est aussi en elle que monte une sorte de fièvre, le désir de rencontrer l’artiste bien que quatre siècles les séparent. Les tableaux ne sont pas éclairés. Les photos prises avec le flash de son portable sont de mauvaise qualité. Elle doit se rappeler les toiles qu’elle a déjà vues ailleurs, comme celle nommée El Espolio dans la sacristie de la cathédrale de Tolède. La tunique rouge du Christ va s’imposer dans ma lecture. Léonor (sans « e » parce qu’elle est d’origine espagnole) va vivre une nuit ardente, dans l’attente de la visite d’amour du peintre Doménikos, el Greco. Elle est venue avec son violon mais elle parle à Doménikos. Ses toiles sont là, dans l’obscurité, Les visages, les mains, elle les connaît, elle ne les rêve pas : elle les sait proches, aussi proches que des baisers ou des caresses. Et, solitaire et solaire dans cette nuit, elle nous fait une place d’où nous pouvons la voir aimer, aimée. « Je suis la flamme d’un cierge que tu éteins ».