On a récemment fait quelque chose qu'on avait pas fait depuis des lunes. Aller au cinéma. Le plus vieux étant à l'extérieur, on y est allé à trois, la belle, la puce et moi. Il devient nettement plus difficile de se rendre au cinéma, en vieillissant. Le temps d'abord. C'est davantage le cinéma qui vient à nous et c'est beaucoup plus agréable et 100% moins coûteux. La puce a pris du pop corn et je n'ai pas voulu savoir le prix, de peur d'avoir des malaises. Mais les malaises viendraient.
L'offre cinématographique se fait aussi vraiment plus ciblée. Pour les enfants ou pour les boomers, rien entre les deux. Ou très peu. L'intérêt pour les films de super-héros restent un mystère pour moi. J'arrive pas à comprendre l'intérêt adulte pour ces films. On a hésité entre Stillwater et Guide De La Famille Parfaite. Sans le savoir, les deux films offraient comme héros des papas et leur rapports avec leur grande fille. Et on y allait, avec la nôtre. J'ai légèrement dirigé le vote en disant à mes compagnes que pour Stillwater, c'est plus intéressant si on connait un peu l'histoire d'Amanda Knox. Et l'accent du Sud des États-Unis emprunté par Matt Damon pourrait les faire peu comprendre les dialogues. On a donc opté pour le film de Ricardo Trogi, signé Louis Morrissette.
Premier malaise: La bande annonce d'Aline. DouxJésusMarieJoseph. Par où commencer...? Il s'agit d'un film pensé, écrit, tourné et joué par Valérie LeMercier. Faut savoir que je ne connais pas du tout l'oeuvre de Céline Dion, alors je ne peux pas dire si on utilise ses airs dans le film, mais ça m'a pas semblé si connu ce qu'Aline chantait. C'est un film largement inspiré de la carrière de Céline Dion (ici Aline Dieu, je ne plaisante pas...) de ses parents (Sylvette et Anglomard dans les rôles de Thérèse et Adémar) et Guy-Claude dans la peau du gérant et amoureux d'Aline/Céline, René Angélil. Déjà, ce regard de Française de France sur la petite fille de Charlemagne ne peut pas complètement viser juste. Comment la France réagirait à un film Québécois sur la vie de Coluche? Y a déjà un gros inconfort à la simple idée. La vraie Céline Dion me rend très inconfortable en général. Quand je l'entends en entrevue, je suis toujours légèrement gêné de sa personnalité. Que je peine à endurer. Je ne la trouve pas drôle quand elle pense faire rire, je la trouve trop expressive inutilement, bref, je ne suis ni un fan de sa personne, ni un fan de sa musique. De plus, sur un plan personnel, les relations amoureuses entre gens de générations différentes (Woody Allen et Soon-Yi Prévin inclus) me rendent très inconfortables. La bande-annonce semblait aussi nous montrer une Aline/Céline très peu bavarde, comme si on avait choisi de ne pas la faire trop parler, afin qu'on ne remarque pas une Française tentant d'imiter un accent Québécois, ce qui n'est jamais vraiment heureux. C'est d'ailleurs une critique récurrente, (ici), du film. Qui sera lancé en novembre, dans nos salles.
Ça semble un film de fan, pensé pour les fans, je ne suis donc pas le public-cible.
Second malaise: Bande annone de Maria Chapdelaine. Avec, entre autres, Sébastien Ricard, un ami d'enfance pour moi. Le malaise ne se trouve pas là. Il est dans le choix de REfaire Maria Chapdelaine. pourquoi Un Homme et Son Pêché? Pourquoi Aurore, L'Enfant-Martyr? Pourquoi Maria Chapdelaine? Ça a tout été fait, déjà. ÇA A ÉTÉ FAIT.
Le premier à la radio de 1939 à 1962, en film en 1949, avec une suite l'année suivante, à la télé de 1956 à 1970, puis refait au cinéma en 2002, avant de revenir à la télévision depuis 2016, sévissant encore.
Aurore a été fait (terriblement) au début des années 50, puis refait en 2005.
Maria? Fait en 1983 par Gilles Carles, avec Carole Laure et aussi Claude Rich.
La maladie du scénario original gagne-t-il aussi le Québec? Décourageant de penser qu'au nombre de sujets à traiter sur terre, on revienne continuellement à des choses déjà traitées. Ce qui manque toujours de respect pour les premiers qui avaient touché la chose. Beaucoup de projets ne sont pas acceptés, et on y préfère...ça? Pour qui? Les Boomers? Même eux doivent souhaiter mieux.
Dernier malaise: Le film principal: Guide de la Famille Parfaite. Il y a de bons moments. Il y a aussi beaucoup de maladresses. Les performances exceptionnelles d'Émilie Bierre (dont je n'ai pas vu une mauvaise performance encore, Les Beaux Malaises inclus, on y croit toujours) et de Catherine Chabot se retrouvent dans les points forts. Chabot aussi, partout où je l'ai croisée, (Menteur, Leo), elle était impeccable Ce sont deux points très forts du film. Mais si on rit dans la première partie, la seconde est beaucoup plus dramatique, et le ton, pas toujours adéquat. Je pense à une scène, entre autre, jouée par Catherine Chabot, qui ne fait que souligner la faiblesse de son personnage. Bien joué, mais on avait compris ses points faibles déjà. Inconfort pendant cette scène qui était difficile à prendre au sérieux, mais aussi assez triste. Pas assez drôle pour en rire et pas assez triste pour en être ému. Le film a peiné à choisir ses tons. Inégal. Les choix musicaux aussi. Pour une Charlotte Cardin, un John Lennon et une Billie Ellish qui arrivent à point, mais qui masquent aussi la minceur du script sur des longs montages visuels, on a soudainement une chanson beaucoup moins forte dans un moment important du film. Certains gags tombent très à plat, ce qui est remarqué quand on a beaucoup ri, un peu avant. Et des commentaires déplacés sur la dépression passent mal. Les personnages féminins frôlent parfois la caricature et la condescendance.
Quand arrive le générique de fin, on découvre Jean-François Léger et François Avard aussi au scénario, avec Louis Morissette. Ouch! à trois cerveaux et 6 mains, on a pas relevé les impairs importants du script? On l'a donc beaucoup amélioré de l'idée originale.
Et combien de projets de films on a refusé pour faire ce Trogi-Morrissette au lieu de noms moins connus? On en donne en maudit des chances à ce très-très-moyen Morrissette. (rien contre Trog, toutefois).
Ça a fait du bien de replonger dans le noir d'une salle de cinéma. Mais c'était plein d'inconforts.
Comme trop souvent, encore.