Non, vous ne rêvez pas, voici un billet BD, ça faisait très longtemps ! J’ai complété la série des Chemins de Compostelle du magicien Jean-Claude Servais, du moins les tomes 3 et 4 en attendant la suite pas encore parue.
Attention, il vaut peut-être mieux avoir lu les tomes 1 Petite licorne et 2 L’ankou, le diable et la novice.
Présentation de l’éditeur :
Blanche, la « Petite Licorne » qui marche sur les pas de son père alchimiste, entre en Champagne et découvre les attraits de la région. Alexandre l’alpiniste et son groupe atteignent Paris et Notre-Dame. Céline, future religieuse partie du Mont-Saint-Michel, quitte la Bretagne et la mystérieuse forêt de Brocéliande en compagnie d' »Angelo », ténébreux marcheur en cavale soupçonné d’être le récent meurtrier d’une jeune fille.
Paul, de son vrai nom, est-il responsable de cet affreux crime, ou n’est-il qu’un petit bandit de grand chemin ? Céline en tombera-t-elle amoureuse, ou confirmera-t-elle sa décision d’entrer dans les ordres ? Alexandre grimpera-t-il tout en haut de la flèche de la cathédrale parisienne ? Autant d’interrogations que sème Jean-Claude Servais au gré des chemins de cette grande saga, qui continue à nous faire découvrir, d’un même mouvement, la beauté des régions de France.
Jean-Claude Servais nous entraîne toujours plus avant sur les routes de France en suivant les quatre personnages qui ont entrepris de se rendre à Compostelle en partant de Bretagne, de Belgique ou de Suisse, selon des motivations diverses en lesquelles les lecteurs peuvent se reconnaître.
Blanche traverse la Champagne et continue à chercher les signes du grand oeuvre auquel son grand-père l’initie (même de l’au-delà), une lecture « alchimique » cette fois de la cathédrale de Reims. Elle va bientôt rejoindre Paris et sa cathédrale (quelle joie de la retrouver intacte dans cet album) où elle fera la connaissance d’Alexandre, venu de Suisse pour honorer la mémoire de sa fille et d’une jeune guide de montagne, toutes deux mortes accidentellement. Pour cela, Alex « doit » atteindre le sommet de Notre-Dame et il obtiendra pour cela l’aide d’audacieux acrobates urbains.
Venus l’une du Mont Saint-Michel, l’autre du Finistère, Céline et Dominique (qui se fait appeler Angelo) cheminent maintenant ensemble. La jeune novice fait confiance au jeune homme, mais pourquoi celui-ci fuit-il sans cesse la police même quand elle ne semble pas s’intéresser à lui ? En même temps, des informations de plus en plus inquiétantes circulent à propos d’un tueur en série…
C’est toujours un bonheur de parcourir les planches si finement dessinées et colorées de Jean-Claude Servais. On se croirait dans les lieux mêmes, une longère de Champagne, le portail de la cathédrale de Reims ou les arcs-boutants de Notre-Dame de Paris, les machines de Nantes, une terrasse dans l’île Saint-Louis… Les interprétations alchimiques (et semble-t-il, fondées sur une bonne documentation) sont intéressantes. Certes, les longues explications dignes d’un guide touristique sur les lieux ou sur la vinification du champagne rendent les planches un peu bavardes et le rythme un peu lent mais après avoir lu les textes, il suffit de se laisser imprégner par la beauté du dessin et la magie opère toujours…
Jean-Claude SERVAIS, Les chemins de Compostelle 3. Notre-Dame, Dupuis, 2016
Petit Bac 2021 – Voyage 3
Présentation de l’éditeur :
Blanche, la passionnée d’alchimie, et Alexandre, l’alpiniste qui escalada Notre-Dame en hommage à sa fille et à sa femme, décident de poursuivre ensemble leur route vers la majestueuse cathédrale de Chartres, chef-d’oeuvre romano-gothique aux deux visages. Tous deux espèrent y trouver des réponses à leurs interrogations.
À des kilomètres de la capitale, la religieuse Céline et Angelo, suspect dans une affaire de meurtre, se confrontent à l’occasion d’une halte le long des rives de la Sèvre nantaise. Les secrets planent toujours autour du mystérieux individu, recherché pour un crime qu’il affirme n’avoir pas commis. Céline lui accordera-t-elle sa confiance, elle qui se rend à Compostelle pour y éprouver sa foi religieuse ? Au coeur de la forêt, d’inquiétants rituels se profilent…
Dans ce quatrième tome de la série, qui clôt le premier cycle, Blanche et Alexandre cheminent désormais ensemble et nous visiterons avec eux la magnifique cathédrale de Chartres et les doux paysages de Loire. Sans le savoir – mais de curieux pressentiments agitent Blanche – ils se rapprochent du chemin de Céline la novice et Angelo le mystérieux. Ce dernier pourrait-il être le tueur en série recherché par toutes les polices de France ? Céline est-elle en danger ?
On fait de plus en plus le parallèle entre Angelo (ou d’autres mystérieux personnages à l’âme obscure ?) et Gilles de Rais, celui qui fut le chef des armées de Charles VII et le compagnon d’armes de Jeanne d’Arc pour « bouter les Anglais hors de France » et qui, après la mort de la Pucelle, dilapida ses biens et tenta de les récupérer en trouvant le secret pour transmuer le plomb en or : pour cela, il avait « besoin » du sang de jeunes garçons et devint le premier tueur en série de l’Histoire. Certains l’appellent ou le comparent à Barbe-Bleue.
Ainsi, on voit encore plus nettement se dessiner la dichotomie entre les deux visions de l’alchimie : la vision noire, maléfique, inspirée de Gilles de Rais et la vision éclairée, positive transmise par son grand-père à Blanche (la bien nommée) qui initie à son tour Alexandre.
Et toujours on apprécie le coup de crayon de Jean-Claude Servais, sublimé par les couleurs de Raives, qui nous faît goûter les beautés des cathédrales, des champs et des prairies sur les chemins de Compostelle, les ambiances de nuit au coeur de la forêt ou dans les villes. Une magnifique série dont j’espère que la suite ne tardera pas !
Jean-Claude SERVAIS, Les chemins de Compostelle 4. Le vampire de Bretagne, Dupuis, 201
Petit Bac 2021 – Voyage 3