Certaines jeunes femmes marocaines vivent un drame social assez profond. Certains pères voient en leurs filles une vache à lait de financement. Ces filles qui ont travaillé dur et ont obtenu un poste avec un salaire moyen se voient obligées de rester toute leur vie le soutien principal à toute la famille. Cela se fait malheureusement à leurs dépens. A chaque fois qu’un homme se présente pour le mariage, le père voit en lui un voleur qui va mettre la main sur son principal trésor intarissable qu’est sa fille et son salaire. Ce problème est répandu de manière criante dans les milieux populaires dépourvus de revenues fixes.
Du point de vue de la fille, elle estime qu’elle doit aider sa famille. Dans leur grande majorité, elles le font volontiers. Mais lorsque la fille arrive à l’âge fatidique de la trentaine, voir la quarantaine et qu’elle se voit refuser toujours ce droit de se marier sous différents prétextes non fondés,
Ce père irresponsable essaie au bout de plusieurs refus de prétendants, de chercher un mari qu’il présente à sa fille en le lui imposant. Le choix est évidemment guidé par les bénéfices que le père doit tirer pour toujours assurer sa source de revenues. Combien de filles sont dans cette dramatique situation au Maroc où elles ne peuvent pas affronter la tyrannie parentale. Cette attitude d’un autre âge est condamnable par la religion et par toutes les législations positives. La nouvelle Modawwana stipule qu’il n’ ya plus de tuteur obligatoire pour qu’une femme se marie. Mais les traditions sont plus fortes que la loi.
Ces femmes sont souvent sujettes à la dépression et le mal-être et leur seule consolation est le boulot et ce qu’il permet autour comme contacts qui s’avèrent des fois anxiogènes avec une rapacité masculine qui profite du manque d’affection de ces femmes. Certaines déploient des stratagèmes pour avoir des relations désespérément cachées car vouées à l’échec. Elles savent que le Père tout puissant refusera tout prétendant. Lorsqu'elles rentrent dans une relation, elles se mentent à elles-mêmes et à l'autre, d'où les drames et les séparations de ses relations trop fragiles qui n'aboutissent à rien de concret, car le veto du père dissuade et stoppe net toute possibilité d'oser se présenter pour la demande au mariage. Et c'est généralement la fille qui informe de cette impossibilité au bout d'un moment où la relation devient sérieuse. Quel gâchis !
A la maison, elles s’étouffent de la tyrannie de leur père qui ne voient en elles qu’un salaire mensuel et le moindre « bazqoul » de la maison se croit supérieur à elle, alors que c’est elle qui le nourrit avec son maigre salaire, révise avec lui ses cours, lui lave son linge. Elle est la plus instruite et la bienfaitrice de toute la smala et la moins considérée. On l'aime juste pour son salaire. Et c'est pour cela qu'on l'empêche de constituer un foyer et jouir de son plein droit d'avoir un mari qu'elle choisit. On la prive de ce bonheur d'aimer et d'avoir des enfants.
J'accuse ces pères d'avoir brisé l'avenir de leurs filles à cause du profit et au nom des coûtumes moyenâgeuses qui doivent disparaitre à jamais de notre pays.
J'accuse ces filles de se résigner et se taire sur ce génocide affectif et social dont elles sont victimes et qu'elles supportent contraintes au silence en évitant de faire face au dictat patriarcal.
Je suis sûr que ce billet ne sera pas lu par ces pères, car ils s’interdisent d’utiliser l’internet et l’interdisent aussi à la maison, parce que l’Imam de la Mosquée à présenté cet outil comme satanique qui pousse à la débauche.
J’aurai mieux fait pour que le message arrive aux oreilles bouchées de ces pères, d’écrire ce billet en dialectal et l’accrocher chez les marchands de beignets, aux portes des adouls, dans les hammams, chez les babouchiers et les portes de mosquées.
@ Al-Maghribi en rage, Maroc Pluriel