Elle fut un supplice en milieu d’après midi parce que le traitement réaliste de la situation n’épargne pas notre appétit, ce qui est tout de même cruel pour moi qui n’aurais pas le temps de déjeuner pendant le festival et qui fais carrément l’impasse sur cette pause. Les comédiens se régalent littéralement sous nos yeux.
Les comédiens sont excellents parce qu’ils ne jouent pas la pièce comme un vaudeville. Le drame est contenu mais palpable, instaurant une tension qui se perçoit dans chacun des couples. On comprend que la table où Paula (Silvia Rodriguez Abal) tente de négocier un accord professionnel avec Véronique (Camille Moigeon) est alternativement celle d’un autre duo que celui qu’elle forme avec son conjoint Leo (Louis de Pas ou Hugo Plassard). On pressent que les trajectoires des premiers et des seconds sont liées par un événement particulier sans en deviner la nature.
Simultanément, Jérôme (Hervé Terrisse) et Julie (Adeline Messiaen) se retrouvent eux aussi autour d'une raclette. Il est journaliste au chômage, elle est soigneuse dans un parc animalier. Tous deux affrontent, chacun à sa façon, le drame survenu dans leur vie deux semaines plus tôt.
Les deux histoires s'entrecroisent dans un subtil mélange de drame et d'humour corrosif. La proximité du public avec la scène est propice à entretenir la tension dramatique sans négliger tout le comique de situation qui est pleinement assumé.
Article extrait d’une publication intitulée "Avignon le 13 juillet à La Luna, au Cloître Saint Louis, au Pixel, aux 3 Soleils et à l’Espace Roseau Teinturiers".