L'été 1968 est vif et agité partout dans le monde. À Paris, à Prague, et de ce côté-ci de l'Amérique, au Mexique. Chez les étudiant universitaires particulièrement où une nouvelle génération apprend à ne pas suivre la parade mais à penser la modifier si elle la terre ne tourne pas aussi rond que rêvé.
Le président Gustavo Diaz Ordaz a fait taire les syndicats qui souhaitaient mériter un meilleur sort. Il a aussi fait la vie dure au syndicat des fermiers, largement brassé par la tenue des Jeux Olympiques d'été à Mexico cette année là. Les tensions sociales sont au maximum quand les universitaires choisissent comme terrain de bataille les fortunes investies dans les Jeux, argent qu'ils auraient souhaité voir investi réellement dans leur programme de société à eux. Les Jeux doivent débuter en octobre, mais en juillet, on annonce une grève générale de tous les étudiants pour protester dans les rues. Le ministre de l'intérieur, pour les relance, organise une marche pacifique afin de montrer que le gouvernement est de bonne foi. Mais il y a, en sourdine, des guerres de gangs et des tueries qu'on arrive pas à taire avant les Jeux. Mauvaise publicité. Le président est très nerveux.
Le 2 octobre, les étudiant(e)s des écoles secondaires s'unissent aux autres et ce seront facilement 10 000 protestataires qui envahissent les rues. Parmi eux, de simples citoyens, des badeaux, écoutant pacifiquement les discours, des vieux, des jeunes, des femmes, des enfants.
Autour du Chihuahua Building, un module de trois larges complexes d'appartements, près de la Plaza de Las Tres Culturas, on chante No queremos olimpiadas! Queremos Revolucion! (Nous ne voulons pas les Olympiques! nous voulons la Révolution!). La présence militaire se fait de plus en plus lourde autour des manifestants, mais on arrête rien et on chante et on discoure. Vers 6h00 le soir, deux hélicoptère survolent les lieux. Un de la police, l'autre de l'armée. Des gazs lacrymogènes rouges sont tirés autour de Ministère Mexicain des Affaires Étrangères. Les hélicoptères font de même. Un gaz rouge et un vert. 5000 soldats, 200 petits tanks et camions, entourent la Plaza et les cernent. 53 ans après les faits, on ne sait toujours pas qui à tiré en premier. Mais la tension montant, quelqu'un a tiré. Et les manifestants étaient nettement moins équipés pour répliquer par les armes. Mais ça personne ne le sait encore. La peur guide l'ensemble. Le chaos, 10 000 coureurs paniqués et improvisés, est total.
Un bataillon secret, mis sur pied pour assurer la sécurité des Jeux au Mexique, se mêle de la partie et porte un mouchoir blanc bien visible afin qu'on les distingue des manifestants. Leur mission est claire. quand les gazs tombent du ciel, pendant que tout le monde regarde le ciel, leur bataillon ferme toutes les sorties pour coincer tout le monde. Les tirs viennent de partout mais on est pas certain de qui. Les tirs répondent aux tirs. Parmi les journalistes sur place, l'italienne, Oriana Fallacci, 39 ans. L'assaut fait très vite une douzaine de morts sur la Plaza. Certains prétendent qu'ils voient le bataillon secret tirer sur tout le monde. Les images vidéos le confirme par moments. C'est la panique réelle. Ils tirent même sur les soldats. C'est la confusion.
Des tireurs d'élite tirent aussi de la fenêtre du secrétaire d'État. Et du toit du Ministre des Affaires Étrangères. Le tirs ne cessent pas jusque dans la nuit. Où là, on cible des leaders étudiants et des complices, on cogne à leur porte, on arrête pas, on assassine.
3000 sont séquestrés toute la nuit dans une église par l'armée. Les journaux du matin parlent de 28 morts, d'une centaine de blessés et d'autant d'arrestations. La plupart des médias disent que les étudiants ont parti les échauffourées.
Le total des morts est plutôt entre 350 et 400. Et y aura plus de 1000 blessés. 1345 seront arrêtés.
En 2001, on prouve que les tireurs d'élite était de la garde rapprochée du président, et engagé pour provoquer les étudiants en tirant sur les soldats, laissant croire que ça venait des manifestants.
On se rappellera de cette nuit comme de La Noche Triste.
En 2006, le président suivant Diaz Ordaz, Luis Echeverria, qui cachera tout ce qu'il y a à cacher, est accusé de génocide. Mais l'accusation est fautive. Il est fraudeur.
Du 12 au 27 octobre, les Jeux Olympiques de Mexico vont bon train.
Tommie Smith et John Carlos lèvent le point en soutien aux Black Panthers aux États-Unis. Qu'on s'applique beaucoup à vilifier. Parfois à raison, aussi souvent, à tort.
N'oubliez pas, les Jeux Olympiques ne sont pas politiques, disent-ils...
...Donc pas humain si je comprend bien.
Pourtant TOUT est politique dans la vie humaine. C'est ce que m'apprennes mes observations terriennes.
La coureuse Biélorusse Krystsina Tsimanouskayale nous l'a encore montré. Les deux entraîneurs qui ont menacé sa sécurité et celle de sa famille ont perdu leur accréditation olympique jeudi soir.
Le politique trop omniprésent, l'humain s'impose.