RBC crée un centre d'innovation

Publié le 07 août 2021 par Patriceb @cestpasmonidee
Après une vague importante durant quelques années, la mode des « hubs » d'innovation semblait être passée dans les institutions financières, vraisemblablement par manque de résultats probants. Alors, la nouvelle tentative que lance RBC à Calgary, à partir de septembre, aura-t-elle la moindre chance de prouver sa valeur et son efficacité ?
Pour cette fois, je n'irai pas par quatre chemins : tout dans le projet tel qu'il est présenté surprend… et pas dans le meilleur sens. En résumé, il est question de l'ouverture d'un centre dédié à la science des données dans toutes ses dimensions, à l'intelligence artificielle, à la production agile de logiciel (de bout en bout), à l'ingénierie de fiabilité des sites (SRE)… En complément des quelques 4 000 personnes employées dans la région, dont 1 500 dans la ville, il est prévu d'y recruter 300 spécialistes d'ici 3 ans.
On l'aura compris, l'objectif est avant tout de renforcer les équipes technologiques dans les domaines les plus en vue et, d'ailleurs, l'entité est directement rattachée à ce qui tient lieu de direction des systèmes d'information dans la banque canadienne. En réalité, l'innovation est relativement absente de la mission qui lui est confiée, si ce n'est à travers l'évocation générique de la création d'un écosystème susceptible de donner plus de pouvoir aux clients, d'accélérer les entreprises et de soutenir les communautés.
En tout état de cause, une telle ambition n'a aucun sens pour une initiative exclusivement focalisée sur des sujets purement informatiques (biais que confirment aussi les profils actuellement recherchés). Comment RBC peut-elle espérer apporter des solutions utiles aux clients quand les spécialistes qui en ont la charge restent isolés du cœur de métier de l'établissement… et des principaux intéressés ? La proximité avec toutes les parties prenantes est critique pour répondre à des besoins réels et éviter les chimères.

Plus ennuyeux encore, l'approche ne paraît pas plus adaptée aux enjeux technologiques quotidiens de notre époque qu'à des velléités d'innovation. En effet, aujourd'hui, le même besoin de mixité des compétences est indispensable pour l'ensemble des cycles de développement logiciel. Les experts de l'expérience utilisateur, les responsables d'escouade, les architectes, les consultants en sécurité (pris au hasard des annonces)… ne peuvent opérer dans une bulle à l'écart du reste de l'organisation.
Dans une démarche qui ne relève finalement que d'une stratégie de communication, RBC manque une excellente opportunité. Alors que la période est propice à l'expérimentation de nouveaux modes de travail, en particulier à distance, elle aurait pu (dû) profiter de cet effort local, destiné, de toute évidence, à combler une pénurie de talents qui touche tout le secteur, pour élaborer et faire miroiter aux candidats des moyens originaux de participer à l'innovation ou simplement d'exercer leur métier dans les meilleures conditions, en symbiose avec leurs quelques 86 000 collègues et avec les clients de la banque.