En désignant comme des ennemis et des fauteurs de troubles des citoyens ordinaires qui seront désormais plus suspects et plus contrôlés que des délinquants, le président a ouvert, d’un point de vue électoral, une boîte de Pandore.
Dans cette affaire, les fanatiques pro et anti-vaccins qu’on peut d'ailleurs renvoyer dos à dos se réjouissent ou se désolent mais ce n’est pas vraiment le souci.
Le plus inquiétant, ce sera l’évolution politique de ceux, très nombreux, qui se seront résignés à la vaccination non pas par conviction mais simplement pour échapper à cette « vie de merde » qu’on leur a promis en haut lieu (et en ces termes !).
Parmi eux, beaucoup se sentent aujourd’hui non seulement trahis par de soi-disant contre-pouvoirs mais encore humiliés de se savoir privés de la moindre porte de sortie. Faut-il à ce point manquer de sens politique pour commettre une telle erreur psychologique !
Le ressentiment qui va en résulter risque fort de se traduire, le moment venu de l’élection présidentielle, dans quelques mois, par un regain de votes de revanche, des votes de défoulement punitifs totalement décomplexés, même si la situation sanitaire venait à s’améliorer. Il y a aussi une certaine logique à estimer que si la démocratie faillit comme c'est le cas en ce moment, des candidats soupçonnés de s'en éloigner puissent devenir fréquentables.
On peut alors penser qu’en cas de forte abstention de l'électorat pour lequel il ne s'est rien passé d'anormal ce 5 août, la foule des vaccinés contre leur gré pèsera dans le vote protestataire au second tour, surtout si elle converge vers celles et ceux qui ont compris depuis bien avant la crise sanitaire que ce président est dangereux, soit parce qu’il n’a plus ses nerfs, soit parce qu’il est irrémédiablement entré dans l’hubris.