Verlaine écrivait : « de la musique avant toute chose ».
On lit, dans un texte de Mallarmé : « Le silence, seul luxe après les rimes, un orchestre ne faisant avec son or, ses frôlements de pensée et de soir, qu’en détailler la signification (…) ».
Je ne sais pas s’il existe des textes équivalents dans la langue grecque. Mais, quand j’ouvre le livre de Nikos Lybéris (édition bilingue), je vois bien que les poèmes arrivent après le son et l’amplifient, le font musique, le prenant au mot : montant et descendant, c’est tout un, comme l’écrivait Héraclite. De l’absence de mots survient, possible, la parole. Et il faut « lâcher les notes pour accéder à la musique ». La poésie qui se déploie ne fait donc que « détailler la signification » du son initial, inaudible. Toujours, Nikos revient à l’archaïque, au préhistorique, tentant d’explorer l’inouï, le pas encore entendu, pourtant présent dans le rythme de la pluie, mais qui « disparaît quand tu le touches ». Y prennent corps « musiques danses peintures récits ». Après, le son.
Traduit par Nikos Lybéris et Brigitte Gyr, accompagné de gravures de Gilles du Bouchet