Le renouvellement du baptême, réponse à la sécularisation, selon Kiko Argüello
Initiateur du Chemin néocatéchuménal
ROME, Mardi 29 juillet 2008 (ZENIT.org) - A l'occasion de l'approbation définitive des statuts du Chemin néocatéchuménal, un de ses initiateurs, le peintre espagnol Kiko (Francisco Gómez) Argüello (photo), a accordé à ZENIT un entretien dans lequel il explique le cœur de ce moyen de redécouverte du sacrement du baptême présent sur les cinq continents.
Nous publions ci-dessous la première partie de cet entretien.
ZENIT - Que suscite la reconnaissance définitive des statuts ?
Kiko Argüello - Une grande joie et une profonde gratitude envers le Seigneur et la Vierge Marie qui nous ont toujours aidés. Mais surtout à Pierre en la personne de Benoît XVI qui a ratifié les statuts.
Pour nous, cette reconnaissance est la confirmation de quarante années de cheminement à travers le monde. Des bidonvilles de Palomeras Altas, à Madrid (Espagne), à Rome dans le petit quartier latin, en attendant que le Seigneur manifeste sa volonté, mais également dans un des quartiers les plus pauvres de Lisbonne. Jusqu'à cette approbation définitive, il y a eu un parcours de souffrances, de persécutions, de procès, etc., qui a fini par porter des fruits.
ZENIT - Dans le décret d'approbation il est dit que le Chemin néocatéchuménal répond aux intuitions du Concile Vatican II. En quel sens ?
Kiko Argüello - Nous pensons que le Chemin a été suscité par Dieu pour mettre en pratique le Concile dans la vie des paroisses. A la première réunion que nous avons eue avec la Congrégation pour le culte divin, alors que nos célébrations étaient examinées pour la première fois (à l'époque on accusait le Chemin de « répéter » le sacrement du baptême, ce qui n'était pas vrai), le comité d'experts, chargé d'élaborer l'Ordo Initiationis Christianae Adultorum, a été très surpris de voir ce que nous faisions car l'Esprit Saint était déjà en train de le réaliser ce qu'ils cherchaient à mettre en place.
Le père Gottardo Pasqualetti, expert en liturgie, était venu assister à une de nos messes. Par la suite, le secrétaire de la Congrégation m'appela pour m'avertir qu'ils allaient faire une laudatio en latin pour toute l'Eglise. Il y était dit que si Dieu ne suscite pas de charismes qui mettent en pratique le concile il est impossible de le réaliser.
Lorsque la Congrégation s'est mise à étudier le Chemin, la première chose qu'elle a remarqué c'est que c'était un don de Dieu pour porter le concile Vatican II dans les paroisses, et non un projet humain. D'ailleurs le texte de la laudatio le dit : si après le Concile de Trente, Dieu n'avait pas suscité des charismes pour mettre en œuvre la réforme conciliaire, cela aurait été très difficile, et cela était également vrai pour le Concile Vatican II: « praeclarum exemplar... dans les communautés néocatéchuménales ».
Un autre aspect c'est l'amour pour les Ecritures, dont parlait la Constitution Dei Verbum. Dans le Chemin, cet aspect-là est évident. On y trouve des clefs herméneutiques d'interprétation des Ecritures qui permettent de redécouvrir l'Ancien Testament en rapport avec le Nouveau Testament, au-delà du fait que cela peut aider au renouvellement liturgique, pastoral, etc..
A noter aussi l'esprit œcuménique qui est né à travers le Chemin. L'Eglise orthodoxe s'est montrée particulièrement intéressée.
ZENIT - Pourquoi la catéchèse baptismale est-elle la clef pour évangéliser l'homme aujourd'hui ?
Kiko Argüello - Parce que le baptême nous ouvre les portes de l'Eglise, de notre participation à la nature divine. Comme dit saint Paul, « l'amour du Christ nous presse, à la pensée que, si un seul est mort pour tous alors tous sont morts. Et il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux ».
Le problème de l'homme aujourd'hui c'est qu'à cause du péché originel, il vit tout pour lui-même, il s'est mis au centre de l'univers, en remplaçant Dieu comme centre de son être, et il ne se rend pas compte qu'il vit en esclave, condamné à vivre pour lui-même. Ceci provoque une souffrance profonde, car la vérité est tout autre. La vérité est que Dieu est l'amour total, le don total de soi à l'autre révélé en Jésus Christ ; que l'homme souffre parce qu'il n'aime pas comme le Christ nous aime.
Dans des pays où l'on a nié la transcendance pendant des années, où Dieu a été renié, comme dans les anciens pays communistes, le taux de suicides est très élevé, car le bonheur consiste à vivre dans la vérité, et la vérité c'est l'amour. Et ce péché originel ne peut être éliminé que grâce au baptême.
C'est pourquoi il est très important de rappeler les hommes à leur foi, par le biais de la prédication, l'annonce du kérygme, l'annonce du Christ mort et ressuscité. Lorsque Pierre fait cette annonce, le jour de la Pentecôte, les hommes sont pris d'émotion et lui demandent ce qu'ils doivent faire. Pierre leur répond : « Faites-vous baptiser et vous recevrez le don de l'Esprit saint ».
Les premiers fonts baptismaux étaient des piscines (le concile parle à nouveau d'immersion) dans lesquels les néophytes descendaient par des marches. Cette première forme de baptême représente parfaitement le sens de ce sacrement, la mort du vieil homme et la résurrection à une vie nouvelle, à l'homme régénéré par l'Esprit saint, qui peut aimer et se donner. C'est pourquoi le Christ crucifié est la vraie image de l'homme libre.
ZENIT - C'est donc cela la réponse à la sécularisation ?
Kiko Argüello - Bien sûr. Comment l'homme peut-il se libérer du péché originel qui agit en lui ? Seul le Christ peut libérer l'homme, faire en sorte qu'il puisse aimer les autres, qu'il participe à sa nature divine. C'est quelque chose de merveilleux qui change la vie de l'homme. Il faut le raconter au monde tout entier, il faut ré-évangéliser le monde.
Comme disait le pape Jean Paul II, cette nouvelle évangélisation nécessite de nouvelles méthodes, de nouveaux contenus, et c'est ce qu'a suscité Dieu à travers ce Chemin. Maintenant que les statuts ont été approuvés, nous pouvons offrir le Chemin aux évêques et à toute l'Eglise, pour faire avancer la nouvelle évangélisation.
ZENIT - Le Chemin est différent, dans sa forme juridique, des autres mouvements existants, vu que ce n'est pas une association de fidèles. Pourriez-vous expliquer quel type de profil a été adopté ?
Kiko Argüello - Une des nouveautés du Chemin, comme l'a expliqué Mgr Arrieta, membre du Conseil pontifical pour les textes législatifs, c'est le fait qu'on lui ait reconnu une personnalité juridique publique, ce qui veut dire que nous agissons au nom de l'Eglise.
La forme adoptée est celle d'une fondation de biens spirituels. Jusqu'ici, les fondations avaient été créées sur la base de patrimoines de type matériel, contrairement au Chemin qui gère un bien de l'Eglise qui est le catéchuménat des adultes, selon les étapes indiquées par ses initiateurs.
Le chemin s'appuie sur l'évêque diocésain vu qu'il a plein pouvoir pour ce qui est de l'initiation chrétienne. Le Chenin ne possède donc aucun bien matériel. C'est le diocèse qui est le titulaire des biens. Le Chemin est, comme le précise le décret d'approbation, un instrument, un itinéraire de catéchèses que l'on offre à l'évêque pour l'évangélisation de ceux qui sont loin de l'Eglise.
Propos recueillis par Inmaculada Álvarez