Claude Compagnone nous explique comment l'escalade et l'effort physique lui permettent de se rapprocher de Dieu.
S'ajuster dans l'effort commun
Escalader une paroi de montagne ou de haute montagne, c’est s’engager, encordés, à deux, dans un parcours vertical dans lequel chacun va dépendre de l’autre et va compter sur l’autre. La cordée devient un lieu de vie singulier et transitoire où l’entraide et l’attention mutuelle sont alors primordiales. Il faut s’ajuster dans l’effort commun pour mener à bien le projet d’ascension et faire face aux évènements imprévus.
Recevoir un don
Ce parcours vertical pour être accompli demande au corps et à l’intelligence de se plier à un environnement naturel que l’homme n’a pas créé et qui s’offre comme un don à recevoir et à découvrir. Cet environnement s’impose à moi de manière massive, et, en cheminant, j’en découvre la diversité et la beauté. Je ne fais que passer et il m’accepte, en transit. Je découvre humblement ma petitesse par rapport à l’immensité et à la force de la Création. L’avancée prudente, pas à pas, se fait ainsi pérégrination et contemplation.
Garder ses sens en éveil
L’implication du corps et de l’esprit y est totale. Ici, il ne m’est pas possible de faire semblant et de penser à autre chose qu’à ce que je fais. Il faut être pleinement éveillé. Le risque est constamment présent et doit être apprécié et géré. Corps et esprit se font alors intelligence et mouvement. Mes sens sont tout en éveil pour « lire » le rocher, trouver le cheminement et anticiper les problèmes.
Mon corps déploie tout entier et amplement son agilité et sa puissance musculaire pour tirer, pousser ou bloquer. Il entre dans un ballet étrange dont la chorégraphie est dite, mètre après mètre, par le rocher lui-même. Une forme d’unité se gagne ainsi entre le corps et l’esprit et entre moi et le monde. Une plénitude s’installe. Profondément en lien avec la Création, j’entre dans un lien profond et vital avec Dieu, le Créateur.
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