La crise sanitaire a été l'occasion pour les créatifs de tout poil de déployer leurs talents, notamment dans les secteurs de la santé, de l'éducation et du commerce. Or l'histoire nous a appris que ces élans issus de périodes difficiles tendent à se prolonger. Voilà pourquoi RBC considère que la créativité sera LA compétence de la décennie.
Entre autres exemples du passé, pensons à la renaissance qui suivit la terrible peste noire ou, un peu plus près de nous, l'enchaînement de la première guerre mondiale et de l'épidémie de grippe espagnole sur les années folles, qui m'a inspiré un précédent billet. Cependant, au-delà des références théoriques, l'observation du marché de l'emploi contemporain montre qu'il s'agit d'une réalité palpable : la demande de compétences susceptibles de contribuer à la créativité est en forte croissance depuis 2020.
Avant la pandémie, déjà, les conditions d'une transformation profonde de la société étaient réunies, y compris autour des enjeux environnementaux, et encourageaient la tendance. Celle-ci s'est trouvée instantanément stimulée par un événement aussi imprévisible que la pandémie de COVID-19, qui a fait émerger avec puissance et dans l'urgence la nécessité de réagir et penser différemment des routines habituelles. Et les efforts devront perdurer afin de résorber les faiblesses identifiées à cette occasion.
Mais, au fait, de quoi parle-t-on exactement ? Dans l'acception de RBC (qui ressemble à ce que j'assimile généralement à l'innovation), la créativité est l'intersection entre l'inventivité, qui sert à produire des idées, et la valorisation, qui les rend utiles et en assure le succès, in fine. Les qualités requises se répartissent de la sorte sur un spectre relativement large, comprenant, d'un côté, l'originalité, le raisonnement inductif, la réflexion fluide… et, de l'autre, l'esprit critique, l'analyse, la prise de décision…
Incidemment, ce sont ces multiples facettes qui font que, en dehors de quelques génies exceptionnels, de Léonard de Vinci à (peut-être) Elon Musk, la créativité repose plus souvent sur une approche collective (à l'échelle d'une organisation, d'une ville, d'un pays…) que sur un individu isolé. Les profils types se divisent ainsi entre visionnaires, capables de changer le monde, instigateurs, sachant détecter les lacunes à combler, penseurs, aptes à relever les défis, et battants, qui se chargent de la mise en œuvre.
Autre cliché sur le sujet, de nombreuses personnes croient que la créativité est un don et que ceux qui ne le possèdent pas doivent se résigner. En fait, elle peut s'accompagner. La manière de poser les problèmes est un point de départ, notamment par l'introduction (contre-intuitive) de contraintes ou de limites concrètes, qui aident à libérer les démarches. Il est également question ici de l'acceptation de l'échec, impérative car celui-ci est un corollaire de la prise de risque, elle-même indispensable pour progresser.
Au-delà de son importance pour les entreprises et l'économie, la créativité devient aussi un point d'attention pour les travailleurs, dans tous les domaines d'activité. En effet, à l'ère de l'automatisation à outrance, les robots s'emparent progressivement des tâches mécaniques et répétitives, réduisant les options disponibles pour les humains. Or l'esprit critique, la production d'idées… échappent, pour l'instant aux capacités de l'intelligence artificielle et offrent donc une voie idéale pour préserver son avenir professionnel.