J'ai étudié à l'INSEAD. Le principe pédagogique de l'INSEAD, c'est l'équipe. Mais les égos des élèves de l'INSEAD sont tels que l'équipe ne dure pas longtemps. Je me retrouve donc, un jour, seul avec un Suédois pour préparer un "cas" de marketing.
Juste avant, je m'étais occupé de la stratégie de Dassault Systèmes. En y arrivant, j'avais découvert qu'elle n'avait aucune méthode pour analyser un marché et concevoir une stratégie produit. J'avais donc, moi l'ingénieur, étudié des livres de marketing et créé ce qui est toujours ma méthode d'écriture de business plan, et le cours de marketing que j'ai donné pendant des années, et qu'on m'a même proposé de publier. Avant d'arriver à l'INSEAD, j'avais appliqué cette méthode à toute l'offre produit FAO (dont j'étais responsable) de Dassault Systèmes. (Ce travail a eu pour conséquence de faire prendre conscience à la direction actuelle que nous étions sortis du marché... D'où un changement qui s'est déroulé pendant mon séjour à l'INSEAD.)
J'avais donc une méthode éprouvée (et, depuis, validée par les ans !). Et j'ai été extrêmement surpris de faire l'objet de critiques destructrices de mon Suédois, par ailleurs employé de McKinsey, en ces temps l'élite du conseil en stratégie. N'arrivant pas à progresser, en dépit de mon habitude des milieux hostiles, je lui ai suggéré de faire le devoir seul. A ma grande surprise, devant tant de franchise, il m'a dit en être incapable !
On ne le sait pas assez, mais le Français est bien souvent comme moi, il peut faire beaucoup de choses seul. Ainsi, ai-je rencontré récemment un dirigeant qui s'est implanté en Chine après une exploration du pays façon routard. Pourquoi ne sommes-nous pas respectés, alors ? Y compris et avant tout par les autres Français, et par le premier d'entre eux ? Parce que nous sommes extrêmement intransigeants, et qu'il est difficile de vivre avec nous, peut-être.