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Chers amis, good day sunshine, all i need is hollidays, en bref, il n’est de meilleure compagnie qui ne se quitte le temps d’un mois de vacances amplement mérité aux vues des sommes de textes empilés tels des gâteaux aux nappes délicieusement spatiales. L’été débarque paresseusement et votre chroniqueur ne pouvait ne pas céder à cet élan de langueur qui conduit de nombreux quidams sur les autoroutes du soleil, mais je ne peux me résoudre à remballer mes oreilles dans les placards de l’indifférence humaine. Car en ce moment même, les sirènes du psychédélisme US (Crome Syrcus, The Glass Family, Salloom Sinclair & The Mother Bear, Quill, Morning Glory, The East Side Kids, US 69…) hurlent dans un grand vacarme de fuzz tournoyante et d’orgue ciselé. J’observais ainsi le ciel et la conduite du Temps qui s’empressaient d’avancer vers un avenir forcément radieux et loin de sombrer dans une amorphe et atone déliquescence, j’envisageais de nouvelles possibilités, de celles qui nourriraient ma prose de septembre. Je notais dans un coin de mon esprit, grand bordel incroyable aux piles d’idées chancelant sous le poids des formules que je recyclerai dès lors pour le meilleur et surtout pour le pire, je songeais longuement, l’œil rendu torve par trop de dissonances électriques, à un article dont la trame prenait progressivement forme. Mon ambition était balzacienne à souhait car je projetais de me lancer dans une sorte de péplum rédactionnel : écrire mon histoire du rock américain en empruntant aux poncifs du feuilleton, mais avec cette originalité de ne pas céder aux sirènes (tiens encore elles) de la facilité, ô joie extrême que d’omettre les classiques sur cités pour leurs préférer parfois des œuvres plus confidentielles, je n'en dis pas plus ô lecteur fidèle car je ne voudrais pas griller mes cartes en te dévoilant des noms et par voie de conséquence les analyses qui feront la sève de ce futur travail. Ce qui me paraissait essentiel, c’était la dimension résolument historique de ce futur texte fleuve et l’idée d’aborder le genre dans son apparat le plus pur, d’aucuns l’appelleront Classic Rock, cette formule me sied par sa grande justesse parce qu’elle sous-tend 1/ L’importance des œuvres retenues 2/ Leur caractère immortel 3/ Leur propension à générer une descendance 4/ Enfin et détail primordial à mon sens, leur étonnante modernité. Car enfin, on peut encore écouter aujourd’hui un vieux Creedence sans se dire « bah quel solo de batterie interminable » ou « Vieillotte cette digression guitaristique » ou encore « Ah ces synthés qui tuent le feeling ». Et puis, le rock est encore avec le blues, le jazz, le bourbon, le jean, la littérature Beat et le premier président noir élu (peut-être) ce que l’Amérique a apporté de meilleur au monde, et surtout à la France car si l'on s'en réfère à leur longue tradition culinaire, la médiocrité de leurs vins et leur vision approximative de la géographie européenne, il y a de quoi 1/ Bayer 2/ Feindre l’ignorance 3/ Rire en se tapant le ventre 4/ Frémir. Cette dernière option demeure la plus plausible. Et puis la rentrée annonçant les fêtes de fin d’année, je commençais déjà à bâtir ma sélection 08 des 10 meilleurs albums indie : il y a avait parmi les heureux élus des groupes prometteurs. Pour arriver à mes fins, je profitais de la désertion massive et estivale de notre capitale pour écumer les disquaires qui, de la fac de Jussieu à Saint Germain en passant par la rue des écoles, font habituellement le bonheur des collectionneurs psychopathes et à force de sonder les bacs, d’interroger les chefs de rayon compétents, j’arrivai progressivement à me procurer les éditions vinyles de ces chefs-d’œuvre. Le parti pris était tel qu’il allait à coup sûr faire causer lors des dîners bobo-blogo-gaucho parisiens. Et puis, j’attendais avec une impatience à peine feinte les dernières sorties rock, le troisième opus du folk singer Micah P. Hinson à ne pas confondre avec le mièvre et caoutchouteux Mika dont le succès auprès de ces dames me laissait dans des abîmes de perplexité, validant la thèse selon laquelle nos consœurs font preuve en matière de goûts musicaux d’une affligeante pauvreté de jugement, et le premier album de Sourya, écouté par bribes, mais dont la variété de climats ne laissait présager que du bon. Voilà quels étaient mes états d’âme en cette molle journée de juillet, je rêvais à mon prochain décollage vers d’autres cieux cotonneux, à mon atterrissage sous d’autres latitudes cartographiées et les déserts paradisiaques que j’allais ainsi fouler avec une rare délectation. Les vacances quoi.