Assurances et mutuelles vont être "associées" à la gestion de la Sécu
Par Daniel MARTINEZ AFP - il y a 19 minutes
PARIS (AFP) - Les assurances privées et les mutuelles, qui vont verser un milliard d'euros à l'assurance maladie en 2009, devraient être "associées" à la "gestion" de la Sécu, ce qui suscite des critiques de syndicats et associations de malades dénonçant un "début de privatisation".
Un nouveau plan de "redressement" de l'assurance maladie, comprenant notamment une taxation des complémentaires santé (mutuelles, assurances privées) devrait permettre de réduire de près de quatre milliards le déficit prévu pour 2009, ont annoncé mardi les ministres de la Santé Roselyne Bachelot et du Budget Eric Woerth, en soulignant qu'aucune mesure de déremboursement supplémentaire ne frapperait directement les assurés.
Les complémentaires vont également être "associées" à la "gestion" de la Sécu, a précisé M. Woerth sur France 2.
"Dès lors qu'elles seront associés plus étroitement à la gestion du risque santé", le gouvernement "attend" qu'elles "fassent leurs meilleurs efforts" pour ne pas augmenter les cotisations de leurs adhérents, ont écrit les deux ministres dans un communiqué.
Espoir immédiatement douché par le président de la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA), Gérard de la Martinière. "Toute taxe sur le chiffre d'affaires est inévitablement répercutée sur le consommateur final à un moment ou à un autre", a-t-il dit à l'AFP.
La Mutualité a dit qu'elle "n'approuvait pas" cette taxe, mais qu'elle allait "tout faire dans cette période terrible pour le pouvoir d'achat des plus défavorisés pour essayer de ne pas répercuter, cette année, cette taxation nouvelle sur les mutuelles", selon son président Jean-Pierre Davant.
Côté syndical, FO s'est satisfait d'avoir "évité le pire", le ticket modérateur n'ayant pas été augmenté. Mais le syndicat s'est dit "choqué de la réaction des assurances privées plus soucieuses de leurs bénéfices grandissants que d'une assurance maladie solidaire entre tous. Leur association à la gestion de l'assurance maladie n'est pas acceptable, leur logique n'étant pas la solidarité", a ajouté le syndicat.
D'une manière plus générale, la CGT a noté qu'"une nouvelle fois le déficit de la branche maladie de la Sécurité sociale témoigne de l'inefficacité de la réforme de 2004 et des politiques de déremboursement des assurés sociaux. Ces politiques ont réduit le pouvoir d'achat, éloigné des soins une partie de la population et pesé sur la croissance économique", ajoute-t-elle.
Du côté des patients, pour l'association française des diabétiques (AFD), le nouveau plan gouvernemental ne contient, lui non plus, "que des mesures conjoncturelles qui n'ont aucune portée à long terme".
Associer les complémentaires "à la gestion de l'assurance maladie de façon directe" revient à "leur donner les clés de la maison", selon le président de l'AFD, Gérard Raymond.
"Le danger, on le dit tout le temps depuis le début, c'est le saucissonnage de l'assurance maladie, en lui faisant perdre de plus en plus de compétences et en associant de plus en plus de monde, pour que demain on arrive à une assurance privée, à la privatisation", a-t-il dit à l'AFP.
Un avis partagé par Christian Saout, du Ciss, un collectif regroupant une trentaine d'associations de malades: "c'est clairement un début de privatisation du système de santé qui se fait sans qu'il y ait eu une quelconque discussion politique sur ce sujet-là", a-t-il dit à l'AFP.