Certes, toutes les institutions financières ont désormais instauré une cellule chargée de leur politique de développement durable et/ou de responsabilité sociétale d'entreprise. Mais la nouvelle division globale que vient de créer BBVA va beaucoup plus loin que ses paires, en faisant en quelque sorte de ce domaine un métier à part entière.
Dans le prolongement de ses efforts d'éducation massifs à l'attention de ses effectifs, visant à insinuer les enjeux du développement durable au cœur de toutes ses activités, le groupe espagnol semble encore une fois réhausser ses ambitions à la dimension du défi auquel le secteur fait face, avec une initiative totalement inédite (à ma connaissance). En effet, la structure dont Javier Rodríguez Soler – jusqu'alors responsable pays pour les États-Unis – prend la tête n'a certainement pas d'équivalent parmi la concurrence.
Directement rattachée au directeur général de BBVA, elle reprend, naturellement, les équipes mises en place par le passé et leurs missions. Ces dernières comprennent, classiquement, la préparation de l'agenda stratégique RSE de la banque, la définition et le suivi des plans opérationnels dans ses principales zones de transformation (finance, risques, talents et culture, données, ingénierie, organisation…), notamment en appui et en coordination des efforts réalisés au jour le jour par l'ensemble des collaborateurs.
Puis, à ces fondations minimales, vient donc s'ajouter un rôle direct dans la relation avec les clients. Il s'agit, d'une part, de concevoir des produits en rapport avec la thématique du développement durable et, d'autre part, de leur apporter un niveau de conseil spécialisé, en étroite collaboration avec les autres entités de l'établissement. En outre, la division assemblera des corpus méthodologiques et conclura les partenariats qu'elle jugera utile afin d'accroître la part de revenus correspondante partout dans le groupe.
Transformer les risques climatiques en opportunités d'ouvrir de nouveaux marchés, vierges, à travers le déploiement de solutions innovantes, est incontestablement la manière la plus efficace de faire avancer le développement durable dans nos sociétés. Et, de toute évidence, la transition qui doit s'enclencher, autant sur le plan environnemental que dans la réduction des inégalités (par exemple), aura besoin d'immenses quantités de financements, sur lesquels la créativité a toute latitude pour s'exprimer.
En synthèse, quand BBVA fait de sa responsabilité un des 6 piliers de sa stratégie, elle ne se contente pas de communication et de mesures d'apparat. Entre, notamment, son engagement d'apporter 200 milliards d'euros (sur 8 ans) de financements dans l'économie durable, sa vision d'une inscription profonde du sujet dans la culture d'entreprise et, maintenant, sa démarche proactive au cœur de son métier, elle mérite probablement son titre de numéro 1 en Europe sur ce critère (selon l'indice Dow Jones ad hoc).