Une architecture logicielle devenue inextricable, des technologies obsolètes, exigeant des compétences devenues rares, des experts partis à la retraite, une organisation des données dépassée, une documentation fragmentaire voire inexistante, une maintenance de plus en plus difficile et coûteuse à assurer, l'impossibilité de fonctionnement en (presque) temps réel… Autant de raisons pour lesquelles les responsables tendent (enfin !) à admettre l'inéluctable nécessité de moderniser ce composant critique.
Mais quand la décision est prise (et ceux qui la reportent prennent un risque immense), il reste donc à en définir les modalités opérationnelles. Certains choix sont relativement classiques, tels que la recherche de l'équilibre optimal entre solution du marché et développement ad hoc (en général, une combinaison des deux est requise) ou l'articulation des nouvelles briques dans le paysage informatique global, interne et externe. D'autres s'avèrent plus complexes et imposent une sérieuse prise de recul.
Ainsi, le nœud de la réflexion à mener consiste à s'interroger sur la forme que doit prendre le cœur bancaire – Jost ne veut plus parler de système mais de capacités – et sur son périmètre fonctionnel. En effet, la flexibilité et l'extensibilité indispensables aux applications d'aujourd'hui, dont les contours évoluent fréquemment et les usages fluctuent en permanence, ne peuvent plus se satisfaire des approches monolithiques d'autrefois… que de nombreux fournisseurs persistent pourtant à proposer à leurs clients.
Naturellement, les grandes orientations à privilégier sont connues : conception par services élémentaires autonomes, pour une modularité maximale, découplage du stockage des données, pour rationaliser l'exploitation de leur valeur, interfaces standardisées, pour un remplacement aisé… Il faudra toutefois encore inscrire ces qualités dans un modèle de déploiement lui-même « élastique » et susceptible d'accepter les niveaux de sollicitation soutenus autant qu'erratiques de notre monde « digital ».
Il n'existe évidemment pas (hélas !) de réponse prête à l'emploi et chaque établissement devra assembler son propre édifice, en fonction de son passif, de ses ressources (y compris humaines), de sa vision pour l'avenir, de ses contraintes spécifiques… La démarche, en revanche, sera souvent similaire : il s'agira d'abord de circonscrire le domaine d'intervention global puis d'identifier les actions prioritaires (leur décomposition fine étant facilitée par les principes de modularité retenus), le plus difficile étant alors d'élaborer la feuille de route permettant une transition en douceur, si possible (?).