American Nightmare 5 : Sans Limites, cinquième opus en 8 années, fut une fructueuse réussite au box-office pour la saga initiée par James DeMonaco et le studio de Jason Blum. Après un passage sur petit écran avec deux saisons diffusées sur Prime Video, l'annulation d'une troisième, le passage à la Maison Blanche de Donald Trump ainsi que les images du Capitole auront été des raisons plus que suffisantes pour la mise en chantier d'un cinquième et dernier opus. Une fausse bonne idée.
Déceptions en cascades
Parce qu'American Nightmare, malgré son alléchant concept, s'est souvent soldé par de réelles déceptions. Débutant la license par un home-invasion frustrant mais efficace avec un Ethan Hawke sorti du succès du très bon Sinister, la saga de James DeMonaco aura ensuite, fort d'un succès et de moyens plus confortables, pu explorer la série B bourrine en délaissant la lutte des classes. Si le deuxième fut sur ce point plutôt présentable, les deux autres épisodes, et surtout le troisième qui abordait déjà l'axe politique, s'étaient sévèrement pris les pieds dans le tapis.
Dépassé l'année dernière sur ses plates bandes par le jouissif (mais inabouti) , American Nightmare 5 : Sans Limites revient pourtant avec un message politique fort, mais amené d'une manière toujours aussi grossière. Les Nouveaux Père Fondateurs, sans aucune explication qu'une bonne excuse scénaristique, sont revenus au pouvoir et ont aussitôt relancé la purge. C'est dans un Texas de rednecks qu'arriveront du Mexique Adela et Juan, prêts à tout pour s'insérer dans ce nouveau pays. Depuis un ranch où règne un fils raciste, la purge se lance, mais elle durera malheureusement bien plus longtemps que prévu...
Une vraie purge
Rien n'a hélas vraiment changé dans American Nightmare, et pire, le plaisir (même coupable) n'y est plus. Après une franchise et une série qui tournaient déjà très rapidement en rond, le prétexte politique caricatural n'arrive même plus à cacher la fainéantise totale de l'entreprise. Ce cinquième opus tourne donc à vide pendant près de deux heures d'une fatigante poursuite entre gentils mexicains et suprémacistes nazis, avec en accompagnement un américain un peu raciste (mais pas trop) qui verra peu à peu ses idéaux s'effondrer. Et puis c'est tout. Usant du pire des productions Jason Blum, avec ses fatigants jump-scares pour tenter d'agiter une sauce qui ne prend plus, American Nightmare 5 : Sans Limites fatigue ainsi autant qu'il agace.
En retournant la condition des immigrés et en étendant son concept, ce cinquième opus prouve ici, et de la plus ambitieuse des façons son immense vacuité. Après être passé complètement à côté de son concept, la saga de James DeMonaco (ici simple scénariste) loupe complètement le coche d'une conclusion réussie et de la manière dont de grands auteurs se servaient du cinéma de genre pour délivrer un message politique véritablement pertinent (coucou John Carpenter). La seule réussite dont peu se targuer ce cinquième opus, c'est d'enfin nous offrir une purge digne de ce nom. Dommage qu'elle soit cinématographique.