Il y a quelques mois, je présentais dans ce blog un moment, saisi par Arte, du spectacle de la Compagnie Singulière, AmalgameS. Cet extrait est central dans le spectacle présenté à Chalon dans la rue. Il arrive en effet au milieu. Nous aurons d’abord entendu un discours sur la sécurité, vu quelques démonstrations acrobatiques autour de barrières (ce qui pourra être désigné sous le vocable « gestes barrières »), compris un peu tard que nos mouvements sont suivis, captés, pour être surveillés, analysés, contrôlés. La démonstration est amplement commentée, et même cartographiée. Nous saurons combien de caméras de surveillance (ah non : de protection) sont installées dans la ville, qu’elles soient privées ou publiques. Nous sommes tou.te.s à cet instant muni.e.s d’un bracelet noir que nous avons obtenu après avoir présenté et fait flasher notre pass sanitaire. Nous avons tou.te.s ou presque un smartphone dans la poche, pratique, et repérable, et sans doute pas inviolable (à ce moment, je pense au livre d’Alain Damasio, Scarlett et Novak). Ce que dit alors la partie centrale du spectacle, celle où l’un des acrobates monte de plus en plus haut sur les barrières tenues entre elles, c’est que la sécurité, la vraie, c’est celle où la compagnie des autres assure l’individu dans sa tentative, dans son action libre, et non celle où la liberté est contrainte pour dominer les individus.