Pour Mehdi Qotbi, président de la FNM, cette exposition permettra de découvrir Delacroix, "un peintre qui a apporté des couleurs et a révolutionné la scène artistique de son époque». On y découvrira une trentaine de peintures, dessins, gravures, et esquisses qui nous plongent dans l’univers de Delacroix à jamais parqué par le séjour effectué au Maroc en 1832, L’artiste a lors 34 ans, il est né le 26 avril 1798, et a déjà peint La liberté guidant le peuple en 1830. Il a été choisi pour accompagner, à ses frais, une délégation française emmenée par le comte Charles Edgar de Mornay, grand collectionneur d’art, Elle a été chargée par le roi Louis-Philippe d'une mission diplomatique auprès du sultan Moulay Abderrahmane. Il s’agit d’obtenir du souverain alouite sa neutralité dans les affaires franco-algériennes. Le peintre Eugène Isabey avait d’abord été contacté mais il refusa car il revenait d’Algérie. Claire Bessède directrice du Musée national Eugène Delacroix de Paris et co-commissaire de l’exposition précise qu’.«Il n'avait pas de rôle politique, sa motivation était de découvrir l'Orient à travers le Maroc. C'est inédit car dans sa vie, il n'a fait que deux voyages, en Angleterre et au Maroc».
Durant ce séjour, Delacroix consigne dans de nombreux carnets tout ce qu’il découvre, la lumière, les paysages, les visages ou les costumes. Il dessine, peint des aquarelles, prend des notes, il utilisera tout cela quand il sera de retour en France et même jusqu’à sa mort le 13 août 1863 . «C'est l'un des premiers ambassadeurs de la lumière du Maroc», indique Abdelaziz El Idrissi, directeur du Musée de Rabat et co-commissaire de l'exposition. Delacroix arriva à Tanger le 24 janvier 1832. Le 5 mars, la délégation part en caravane pour Meknès. Elle y arrive le 15 mars et y séjourne pendant une quinzaine de jours. Delacroix encontre le sultan Moulay Abderrahmane au cours d’une audience solennelle tenue le 22 mars et réalise de nombreux croquis. Plus de dix ans après son retour, il peindra Le Sultan du Maroc tableau qui se trouve au musée des Augustins de Toulouse mais on ne le verra pas à Rabat, car il est «très fragile», précise Claude Bessède.
La délégation revient à Tanger le 12 avril et attend la signature du traité avec le sultan. Au mois de mai, Delacroix se part seul pour Cadix et Séville, à son retour il passe encore huit jours à Tanger. Puis c’est le départ pour la France. Après une escale à Oran et une autre à Alger, la délégation arrive à Toulon le 5 juillet. Delacroix avait aussi rapporté de ce voyage initiatique différents objets artisanaux, «un véritable vivier d'inspiration qui va le suivre d'atelier en atelier jusqu'à sa mort», selon Claire Bessède. On en verra une soixantaine à Rabat, instruments de musique, habits traditionnels ou armes.
D'autres artistes européens se rendront au Maroc. «Il emportera avec lui la culture marocaine au-delà du sud de la Méditerranée et va ouvrir les yeux d'artistes européens sur cette destination peu habituelle à l'époque», conclut Abdelaziz El Idrissi. A la fin de l'exposition, on peut d'ailleurs voir quelques toiles d'artistes s’étant rendus au Maroc sur les pas de Delacroix. Une dizaine de tableaux d’orientalistes français tels Benjamin Constant et Louis-Auguste Girardot ou le Britannique Frank Brangwyn. Et naturellement Henri Matisse.
Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur Nous savons tous que le droit de vote est à la base de notre système démocratique auquel d’ailleurs, beaucoup aiment ajouter l’adjectif «républicain». Nous savons tous aussi que bon nombre de nos aïeux ont accepté de mourir pour l’établir et le...