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Dedans/Dehors, réflexions d'une femme en cage, de Marina Jaques

Publié le 24 juillet 2021 par Francisrichard @francisrichard
Dedans/Dehors, réflexions d'une femme en cage, de Marina Jaques

Durant cinq années de traversée d'un désert aussi aride qu'hostile, ce sont toujours des personnes extérieures à mon intimité qui ont fait preuve de sollicitude et de bienveillance. C'est un constat triste et désolant, paradoxalement plein d'espoir quant à la nature humaine.

De janvier 2016 à septembre 2016, Marina Jaques, 54-55 ans à l'époque, est détenue dans une prison du canton de Vaud. Pendant ces neuf mois, elle a tout le temps de réfléchir à sa vie.

Son récit, c'est Dedans/Dehors. Dedans, ce sont ses mois de prison. Dehors, ce sont ces cinq ans de désert qui ont précédé la prison, mais aussi des souvenirs antérieurs, depuis l'enfance.

À 20 ans, elle écope d'un mois ferme. Ce passage en prison n'aura aucune incidence sur sa vie, tandis que son deuxième, plus long, en aura, parce que c'est elle-même qui lui donnera un sens:

La prison peut vous rendre plus fort, peut-être. Plus prudent sans doute. Mais en aucun cas elle ne vous enseigne à vous conformer avec intelligence et compréhension, tant le conformisme y est poussé jusqu'à l'indigestion.

L'auteure a travaillé successivement dans la restauration, les ressources humaines, le travail social. Mais sa vie n'est pas politiquement correcte: c'est une femme à femmes, dépendante à l'alcool.

Ce qui caractérise aussi bien ses souvenirs que son temps carcéral, c'est qu'elle veut comprendre, a un besoin irrépressible de savoir, de donner un sens, peut-être parce qu'elle en a manqué.

Hors normes, elle essaie d'être conforme à ce qu'on attend d'elle, mais cela ne lui réussit pas, parce qu'elle est intrinsèquement libre et inapte à se couler dans d'autres moules que le sien. 

Faite pour le terrain, les grandes théories déconnectées du réel l'insupportent, quand elles ne l'ennuient pas, et heurtent en elle le bon sens, qui n'a pourtant pas toujours raison de ses chimères.

Elle n'approuve pas ce qu'elle a commis, mais ce qui est fait est fait. Elle accepte d'être en prison et, finalement, s'y trouve bien, parce qu'elle comprend pourquoi elle a été condamnée.

Il lui faut bien en sortir, même si elle n'en a guère envie, y ayant fait son trou. Après avoir quitté cet univers structuré, le cerveau lavé, elle est plus forte d'avoir survécu mentalement et constate:

La lumière me fait mal aux yeux. Il me faudra du temps pour me réapproprier cette clarté, je le présume, je le sais, je le sens. Du temps.

Francis Richard

Dedans/Dehors, réflexions d'une femme en cage, Marina Jaques, 340 pages, Les Éditions Romann


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