Gioconda est l'adaptation du roman de Nikos Kokantzis, qui raconte la découverte de l'amour entre un adolescent grec et une jeune fille juive pendant la guerre.
Gioconda est l'histoire de deux êtres qui se connaissent depuis toujours et dont la relation va évoluer en même temps que le monde autour d'eux. Deux adolescents épris qui trouvent refuge dans l'amour et y célèbrent la vie tandis que dehors, c'est la mort qui menace. Et c'est sur scène que nous retrouvons cette fois Cliff Paillé, auteur et metteur en scène de deux succès également à l'affiche de cet OFF 2021, Chaplin, 1939 et de Madame Van Gogh.
Entre poésie et effroi
Il y avait la guerre, la peur, la violence, le danger, la misère, le Mal qui rôde... Et soudain, il y eut l'amour, celui qui emporte tout sur son passage, qui n'a plus peur de rien, qui se croirait presque invincible... Deux voix, un piano, de l'amour, et beaucoup de poésie. Rien d'autre sur scène, dans cette ambiance feutrée où perce ça et là une lumière chaude.
L'histoire qui nous contée est celle d'un souvenir. Le souvenir d'un amour tendre et fort au milieu des bombes. Comme un acte de résistance. " Faire l'amour, c'était rester libre. " Vivre, le plus possible, coûte que coûte. Le texte de Nikos Kokantzis est pur, délicat, franc. Et c'est avec beaucoup de pudeur qu'il est ici mis en scène et interprété par deux comédiens totalement au service des mots.
Une initiation amoureuse sur fond de guerre
Swan Starosta et Cliff Paillé sont touchants et lumineux dans le rôle de ces deux adolescents en proie à tous les changements : celui de leur corps, celui de leurs sentiments l'un pour l'autre, et celui du monde qui bascule dans l'horreur. Leur amour devient une respiration, un espoir, le triomphe de la vie sur tout le reste. " La guerre, ce matin-là, elle était finie " confie Nikos après sa première nuit auprès de celle qu'il aime.
Cette scène d'amour est d'ailleurs sublimement mise en scène à travers un jeu d'ombre. Un moment de pudeur et de pure beauté qui vient briser la nuit à lui seul. Et puis, de temps à autre, la comédienne s'assied au piano pour accompagner la force de l'instant, l'envolée des sentiments, la tension qui grandit. Alors nous nous laissons alors porter par par sa voix, par les notes, par l'amour qui circule encore au milieu d'elles.
L'amour naïf et sensuel entre ces deux adolescents nous ferait presque oublier que l'Histoire n'est pas que belle, surtout en 1943... Surtout lorsqu'on est une jeune fille juive. " Raconter cette histoire pour hier, pour aujourd'hui, pour demain. Pour tout ceux qui sauront en faire quelque chose. " Telle est l'ambition de ce récit qui trouve un écho à bien des égards avec notre histoire, avec celle du monde.