Critique du Cabaret des absents, de François Cervantes, vu le 18 juillet 2021 au 11 – Gilgamesh (22h30)
Avec Théo Chédeville, Louise Chevillotte, Emmanuel Dariès, Catherine Germain, Sipan Mouradian, Sélim Zahrani, dans une mise en scène de François Cervantes
Je n’ai pas tout de suite repéré Le cabaret des absents dans la programmation du 11. C’est quelqu’un qui, l’ayant sélectionné dans son propre agenda, m’a lu les premières lignes du résumé que j’ai trouvées absolument géniales : « Nous connaissons tous des gens qui n’ont jamais passé la porte d’un théâtre, mais pour qui, pourtant, nous continuons à faire du théâtre ». Je n’ai pas attendu une seconde de plus pour réserver mes places. J’ai ensuite découvert l’affiche à Avignon, que je trouvais sublime et qui se détachait si bien au milieu des autres. Dès que je la voyais, mon impatience grandissait. J’en attendais tant. J’en attendais trop.
Le spectacle se divise en deux narrations distinctes et entremêlées. Il y a d’abord Marseille avec ses habitants qu’on suit, passant de l’un à l’autre comme un travelling accéléré : ils vivent leur vie, ils ont leur histoire qui parfois se relient entre elles, on les laisse puis on les retrouve plus loin dans le spectacle et ce sont eux qui forment ce tout qu’est cette grande ville. Au milieu de cette épopée de la vie quotidienne, on assiste à des numéros de cabarets – introduits par nos différents personnages – qui se déroulent dans un théâtre tout particulier dont on nous a également raconté l’histoire.
Je suis hyper embêtée. Vous n’imaginez pas à quel point j’avais envie d’aimer ce spectacle. Et au début, portée par mon enthousiasme, j’étais plutôt convaincue. Cette espèce d’immense kaléidoscope a quelque chose d’indéniablement poétique, la vision du théâtre comme le lieu du rêve me touche, les numéros de cabaret sont très réussis. Les premières notes que je couche sur mon papier sont pleines de superlatifs. Et puis mes mots se font moins enthousiastes : « resserrer », « couper dans le texte », « trop long ». Et je sors du rêve.
Pourquoi faire durer ça deux heures ? Ce que je trouvais poétique devient trop rapidement ennuyeux, le procédé devient lassant et le propos m’apparaît de plus en plus surfait. La narration de l’histoire se fait face public de manière très simple, peut-être trop simple, laissant une trop grande place à l’imagination. Je m’agace face à ce texte qui a l’air en plus de se prendre très au sérieux mais qui, pour moi, cache son absence de structure par une certaine forme de papillonnage. Si bien que, lorsqu’on atteint les numéros de la fin, je n’ai plus la patience, je n’ai plus l’envie, je ne suis plus en capacité d’apprécier le – pourtant formidable – numéro de clown de Catherine Germain.
C’est un spectacle clivant. Des gens ont quitté la salle, des bravos ponctuent le spectacle. C’est un exercice de style. Mais pas du mien.