Danny and the deep blue sea est l'histoire bouleversante d'une rencontre entre deux âmes blessées dans un bar perdu du Bronx.
Danny and the deep blue sea est l'histoire d'une rencontre. Celle de Danny et Roberta, deux être écorchés vifs. Et encore, écorchés, le mot est faible. Lui est sanguin, pétri par une colère aveugle. Pas pour rien qu'on l'appelle 'la bête'. Elle semble lassée, désabusée. Elle porte des secrets trop lourds pour elle. Ces deux-là vont alors faire se rencontrer leurs ombres, leurs douleurs, leurs solitudes, dans un huis-clos étouffant.
" J'ai une autre idée. On a qu'à faire comme lui, Danny. Juste pour cette nuit. On a qu'à être heureux. "
Explosion imminente
La tension est palpable dès les tout premiers instants. Dans une posture faussement nonchalante, dans une voix qui parle déjà trop fort, dans une atmosphère sombre et moite. Le calme avant les cris, les larmes, la sueur, les peaux qui s'entrechoquent parce qu'elles ne savent pas se rencontrer autrement. Pas encore. On guette avidement l'instant où des fissures apparaîtront sur ces carapaces solides.
Elle tente de l'apprivoiser, de l'aimer, d'étreindre sa rage. A travers les souvenirs qu'ils se racontent tout à tour ils semblent s'apaiser, dévoilent un peu de leur sensibilité. Ça ressemblerait presque à une lueur. Puis la tension devient physique, charnelle. Alors ils se mettent à fantasmer une nouvelle vie possible, le temps d'une nuit durant laquelle l'amour devient un jeu. Une nuit où tout pourrait devenir possible, peut-être. Mais l'amour peut-il vraiment naître de tant de rage et de brutalité ?
Une pièce qui secoue
Danny and the deep blue sea est une explosion qui n'en finit pas. C'est une tempête qui dévaste tout, dehors, dedans. C'est le genre de spectacle duquel on ressort désorienté, sans trop réussir à savoir si l'on a aimé ou non, avec pour seule certitude que nous avons assisté à quelque chose de puissant. Sans doute pour cela que nous avons eu besoin de le laisser infuser avant de poser nos mots, nos sensations.
C'est sombre, très sombre malgré les quelques percées de lumière durant lesquelles l'amour s'invite, maladroit et ardent, en même temps que l'espoir. Et nous avons été dépassés par la colère qui rend rapidement le spectacle étouffant. Asphyxiant presque. Peut-être pourrait-elle parfois s'incarner de manière plus insidieuse, mois hurlante, cette colère. Juste pour nous permettre de respirer un peu.
Une histoire sans issue ?
Mais les quelques instants de bonheur, de tendresse, de douceur qui finissent par se frayer un chemin ont néanmoins du mal à nous ramener à la surface tant nous sommes descendus profond. Et c'est ce qui semble arriver aussi à ces deux âmes perdues, noyées dans leurs parts sombres, pour qui le bonheur n'est pas le choix le plus simple à faire.
Estelle Georget et Vincent Simon livrent toutefois une prestation étourdissante, portée par la mise en scène de Nicolas Taffin - dont le talent de comédien nous a conquis dans les pièces Pigments et Les passagers de l'aube lors des précédentes éditions du OFF. On ressort de ce spectacle vidés, mais certainement pas autant qu'eux ! Car ils jouent avec leurs tripes, à n'en pas douter. Impossible d'incarner autrement de tels rôles. Un moment de théâtre définitivement déroutant.