L'Assemblée nationale et le gouvernement se sont levés pour fustiger cette défiance récurrente contre le président Paul Biya.
La diaspora camerounaise supporte mal les voyages du président Paul Biya en étranger. A chaque annonce de son départ du pays, elle se met en ébullition avec pour objectif de perturber son " court séjour privé ". C'était encore le cas ce week-end. Les leaders des mouvements anti-Biya n'ont pas caché leur hostilité à travers des discours largement relayés dans les réseaux sociaux. Face à la montée de l'adrénaline, les autorités camerounaises ont unanimement condamné ces manifestations projetées pour le 17 juillet à Genève.
Dans un communiqué daté du 16 juillet 2021, le président de l'Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril, " déplore et regrette cette défiance récurrente vis-à-vis des institutions républicaines et celui qui les incarne ". Il a condamné ce qu'il qualifie " d'aliénation mentale " et souligne à grand trait que " les problèmes du Cameroun se règlent au Cameroun et par les Camerounais ". Une posture partagée par le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi. Le porte-parole du gouvernement a fait savoir son indignation : " De telles exactions, ourdies et orchestrées par des groupuscules hétéroclites et visiblement mal inspirés, portent préjudice, non seulement à celui qui, de par la volonté de l'immense majorité du peuple camerounais, préside avec clairvoyance et bonheur aux destinés de notre nation, mais aussi à l'image du Cameroun et à la dignité du peuple camerounais ". Et d'ajouter en guise d'appel au calme : " Le gouvernement exhorte par conséquent tous les Camerounais, et en particulier ceux de la diaspora, coutumiers de ces agissements désordonnées, intempestifs et irrévérencieux, à revenir à une morale républicaine exemplaire ".
Le Réseau des parlementaires diaspora pour personne décentralisée et transfrontalière, présidé par l'honorable Louis Henri Ngantcha, a organisé une conférence de presse dans l'optique de fustiger cette attitude de la diaspora. C'était le 16 juillet à l'hôtel des députés. Pour le parlementaire : " le gouvernement est ouvert à la résolution des problèmes de la diaspora. Beaucoup de choses sont faites par le gouvernement pour la diaspora. Dans tous les Etats du monde, il existe des difficultés et des mécontentements. La recherche des solutions à ceux-ci doit se faire par des voix républicaines. Les solutions aux problèmes qui se posent à notre pays se trouvent au Cameroun et non en étranger. Le chef de l'Etat est une institution. On ne saurait, quelles que soit les raisons, s'attaquer à lui. Nous avons tous l'obligation de veiller à l'image de notre pays. La diaspora est une richesse ".
Ces sorties du gouvernement et des parlementaires n'ont pas empêché la diaspora de manifester bruyamment à Genève. Parmi les revendications scandées figuraient la fin de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Selon Antoine Ayissi : " Ces différentes manifestations ne font pas honneur au Cameroun. Il est temps qu'on se regarde en face en posant sincèrement les problèmes de ce pays sur la table. Personne ne peut nier que nous avons trop de problèmes ", conclut l'enseignant.