Titre : Ces jours qui disparaissent
Scénariste : Timothé Le Boucher
Dessinateur : Timothé Le Boucher
Parution : Septembre 2017
Timothé Le Boucher, jeune auteur de bande-dessinée, s’était fait remarquer avec « Ces jours qui disparaissent ». Cet imposant pavé paru chez Glénat (près de 200 pages !) présente une couverture intrigante avec un jeune homme à moitié plongé dans l’eau qui regarde son reflet, apparemment maléfique. L’auteur, qui a démarré chez Manolosanctis, a su monter les marches une à une de l’édition.
Un scénario bien mené
Lubin est un jeune acrobate. Lors d’une représentation, il tombe sur la tête. Rien de grave, apparemment. Mais dans les faits, le lendemain il a un trou noir et dormira suffisamment longtemps pour que la journée se passe sans qu’il ne se rappelle de rien. Et voilà que ça recommence. Une fois, deux fois… Il s’aperçoit alors que ses journées blanches, il ne les passe pas à dormir : un autre que lui se lève et vit sa vie. Avec tous les problèmes que cela pose…
Le scénario de Timothé Le Boucher est bien construit. À partir de son idée, il déroule le fil petit à petit. Les deux « jumeaux » doivent d’abord trouver un moyen de communiquer, puis de vivre chacun leur vie de leur côté. Ainsi, le double mange mal, ce qui impacte le physique de notre acrobate. La situation durant, les problèmes de gestion s’accumulent, que ce soit avec les autres ou dans la communication entre les deux personnes.
Si l’histoire ressemble à du fantastique, l’auteur traite le sujet de façon médicale (et psychiatrique). Même s’il est difficile de croire qu’une personnalité pourrait se dédoubler un jour sur deux, systématiquement après avoir dormi, ces recherches d’explication servent le scénario. Là encore, Le Boucher exploite bien toutes les ficelles jusqu’au bout. C’est du beau travail de scénario : rien n’est gratuit et tout ce qui est raconté est creusé.
Le dessin a un côté ligne claire moderne. Je le trouve assez froid, à cause de son encrage et de la colorisation assez banale. Cela manque de chaleur et de caractère. Un côté moderne trop propre qui gagnerait à se lâcher. En revanche, l’auteur ne lésine pas sur les moyens : il y a 200 pages et celles-ci sont très fournies en cases. Cela lui permet d’utiliser intelligemment les silences.
« Ces jours qui disparaissent » est un ouvrage bien mené. Si on pourrait chipoter sur des détails, l’histoire est prenante et malgré la quantité de texte à lire, on n’a pas envie de refermer le livre avant de l’avoir terminé. Un gage de qualité, non ?