#OFF21 – La Grande Musique

Publié le 19 juillet 2021 par Morduedetheatre @_MDT_

Critique de La Grande Musique, de Stéphane Guérin, vu le 16 juillet au Théâtre Buffon
Avec Hélène Degy, Raphaëline Goupilleau, Pierre Hélie, Brice Hillairet, Etienne Launay et Bernard Malaka, dans une mise en scène de Salomé Villiers

Ha, cette Grande Musique, toute une histoire ! J’aurais tout d’abord dû la voir au Phenix Festival à Paris (festival dédié à la création), puis en parcourant rapidement le résumé j’ai été déçue de constater qu’il ne s’agissait pas d’un spectacle musical donc j’ai finalement reporté mon choix sur le Badine proposé aussi par Salomé Villiers au Mois Molière cette fois-ci, mais j’ai été un peu déçue donc je me suis dit que finalement je n’irai peut-être pas voir la Grande Musique. Puis elle m’a été chaudement recommandée par Apartés Théâtre et je me suis rendue compte que la merveilleuse Raphaëline Goupilleau jouait dedans donc j’ai changé d’avis et j’ai pris mes places pour ce spectacle après moultes rebondissements !

C’est une histoire de famille sur plusieurs générations. Marcel Vasseur nous apparaît sous forme de fantôme, dans son costume élimé, et l’on comprend qu’il vient d’ailleurs. En fait, il vient d’un autre temps, pour essayer de sortir son nom de l’oubli, lui qui fait partie de ces morts non identifiés des camps de concentration. Le spectacle traite de psychogénéalogie, c’est-à-dire comment des secrets de famille enfouis rejaillissent, des générations après, et peuvent influer sur le corps des descendants à qui il ne reste que, comme seule solution pour vivre, de découvrir la vérité.

Ça manquait un peu dans mon festival, les vraies histoires. L’histoire pure, pas teintée d’un message social ou politique, l’histoire qui nous transporte, l’histoire qui touche à l’enfant qui est en nous. L’histoire, qui est d’abord ce qui m’a attirée au théâtre. J’adore les histoires. Et je me rends compte, avec mon expérience de spectatrice, que ce n’est pas si facile d’écrire de bonnes histoires. N’est pas Alexis Michalik qui veut.

Pourtant, le sujet était sympa – à part le point de départ de l’histoire, que je trouve très contestable (attention spoiler) : l’un des personnages apprend que sa mère était une prostituée dans un camp de concentration, elle en a honte et finira par se suicider, geste que j’ai trouvé étrange : c’est avant tout une femme qui s’est battue pour vivre et cela devrait surtout intimer le respect… Mais ce détail mis à part, l’histoire de famille avec un secret caché, ça pouvait vraiment fonctionner. Sur la psychogénéalogie, je suis plus réservée : même si je suis contente d’avoir découvert ce que c’était, je pense qu’elle laisse plus facilement le mélo s’installer. Or ici il aurait fallu supprimer les éléments « à effets » qui n’ont pas d’influence directe sur l’avancée de l’action. Car le problème de ce spectacle vient de son texte, qui n’est pas très bien dosé : la punchline est toujours placée au bon endroit – et on remercie Raphaëline Goupilleau de les lancer si bien – mais la punchline ne fait pas avancer l’action, et le reste de l’écriture est trop lente pour vraiment nous captiver.

C’est comme si l’auteur ne faisait pas assez confiance aux spectateurs. On résout trop vite le secret de famille, bien avant les personnages, ils prennent leur temps alors que tout est déjà limpide de notre côté et ce décalage provoque l’ennui. Il aurait fallu resserrer le texte, peut-être ajouter quelques ellipses. C’est vraiment dommage car les comédiens forment un bel ensemble et on a malgré tout du plaisir à les voir. J’espère que je pourrai les retrouver dans un spectacle qui me convaincra davantage.

Le texte restera le gros bémol de cette grande musique.

Photos Cédric Vasnier © Prismo Production