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Les Villages de Dieu, d'Emmelie Prophète (éd. Mémoire d'encrier)

Publié le 19 juillet 2021 par Onarretetout

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Vous commencez le livre et vous y êtes, dans la Cité. Vous entrez dans une sorte d’intimité brouillée par « dehors le vacarme habituel ». Et c’est deux pages plus loin qu’un vacarme, inhabituel alors, s’est produit, faisant mourir de peur, vraiment mourir de peur, Grand Ma. Celia est la petite fille, élevée par sa grand-mère, même avant la mort de sa mère. Il a suffi de deux générations pour que la Cité bascule dans le bruit permanent, les morts violentes quotidiennes. Les quartiers ont pour noms Bethléem, Puissance Divine. Ce sont les Villages de Dieu. Celia n’y vit que dans le présent depuis que Grand Ma est morte. « Pour vivre dans la Cité, il fallait croire très fort au présent et l’inventer à chaque seconde », écrit Emmelie Prophète. Les gangs se combattent les uns contre les autres, les chefs sont des jeunes hommes et savent qu’ils ne vivront pas vieux et, derrière les promesses qu’ils ne peuvent pas tenir d’améliorer la vie des habitants, ils masquent mal leur envie de dominer au plus vite car cela ne durera pas. Tué par le rival d’un autre gang ou même par un rival au sein même de son gang, voilà le destin de ces bandits de la Cité au nom biblique, qui ne savent que répandre la violence. Car tout s’effondre : la loi, la foi, l’État, l’Église, des histoires d’hommes. Celia ne se sépare pas de son chargeur de portable : l’électricité est rare dans la Cité de la Puissance Divine. Elle photographie et poste ses photos sur les réseaux sociaux. Elle écoute les femmes et poste leurs récits. Cécé La Flamme devient influenceuse, dans sa « course pour exister ». Et montre crument cette réalité crue, trottoirs encombrés de détritus ou d’échoppes improvisées, cadavres, corridors boueux, odeurs… Reste cependant « la générosité qui résistait à la très grande violence. Féfé faisait partie de ceux qui aidaient, avec les maigres moyens dont elle disposait, c’est ce qui permettait que tienne encore cet échafaudage fragile sur lequel on ajoutait chaque jour de la frustration et du désespoir ». Les femmes tentent de s’organiser entre voisines et sans doute espèrent parfois qu’il y ait moins de bruit pour pouvoir s’entendre.


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