Vent gris sur ma ville, vent gris dans mon âme. Et cette femme en face de moi, cette femme au visage peint d’un trait noir, cette femme dont je ne peux ni deviner les pensées, ni reconnaître l’attitude. Cette femme en face de moi, mystère vivant et incarné.
Je voudrais que la peau possède son propre langage. D’un simple effleurement, peut-être même d’un regard j’aurais tout su de cette femme , j’aurais ressenti sa solidité comme une qualité de mon propre corps, j’aurais été plus réelle de la deviner du bout des doigts. Mais c’est comme une frontière qui nous sépare. Un morceau de temps qui fait que nous nous regardons, assises face à face, sans nous voir. Que nous n’existons pas davantage de partager ce moment.
C’est un peu de moi qui s’en va lorsqu’elle se lève. Un peu de cet espoir qui fait partie de moi.
Mais il n’y a personne d’autre autour de nous, alors je la suis des yeux, par habitude, pour regarder quelqu’un au lieu de quelque chose. Pour croire encore. Et je sais que jamais aucun geste ne saura me rendre sa présence d’un instant, et je sais que d’avoir même tenté d’imaginer est déjà une perte de soi. Je sais que j’ai rêvé éveillée.
Quelle douleur de se regarder partir.