Quand j’écrivais ici que Macron accélérait cyniquement la trumpisation de la société à des fins électoralistes, chaque moment politique de cette interminable fin de règne monarchique vient nous le confirmer assez tristement, à bien des égards, sur différents sujets. Aurait-il l’intention, à l’instar de ses amis identitaires, comme ce complotiste raciste qu’est Philippe De Villiers, avec lequel il s’est affiché si volontiers à plusieurs reprises, et auquel il a témoigné son amitié par écrit, « rechristianiser la fRance » ?
Assisterions nous actuellement à une croisade des cathos blancs nationalistes contre les islamo-gauchistes mondialistes, dont l’élection présidentielle, moment ultime d’une consultation dite « démocratique », serait l’enjeu ? Tout semble le laisser croire, jour après jour, moment médiatique après moment politique 1, en une affolante sarabande de polémiques incessantes toutes plus stériles les unes que les autres, au centre desquelles l’intérêt collectif et la nécessaire et salutaire transformation écologique et sociale apparait tragiquement absente. Ne serait-elle pourtant pas beaucoup plus urgente et salvatrice que ces conflits inter-religieux et idéologiques sans intérêt auxquels nous assistons aujourd’hui ?
Certes, l’événement auquel je veux faire allusion à présent n’est pas nouveau. Macron n’a jamais fait mystère de son appartenance religieuse, qu’il a illustrée à maintes reprises, en différents lieux, à différents moments de son mandat. Présent à une messe en mémoire de la mort de Pompidou, une autre à St Etienne de Rouvray… et sans parler de la présence de ses ministres présents à différentes cérémonies religieuses, comme ici l’ancien Ministre de l’intérieur Castaner en l’église St Sulpice à Paris, en sa qualité de ministre… Bref. En Macronie, le respect de la laïcité, c’est visiblement pour les autres… Que n’aurions nous pas entendu comme immenses cris d’indignation soigneusement surmédiatisés si Macron s’était prosterné pieds nus dans une mosquée sur un tapis de prière en psalmodiant « allah akbar »… Pourtant, qu’il joigne ses mains en signe de prière devant la grotte du pèlerinage de Lourdes, non pas à titre privé, ce qui est tout à fait son droit, mais en sa qualité de Président de la République fRançaise, et filmé en cela par tout un service de presse très officiel, voilà qui n’est pas sans poser problème quand on veut absolument donner la leçon à d’autres sur l’autel de l’exemplarité républicaine et laïque. Seulement pour les autres ? La duplicité en la matière, depuis le début du mandat de ce président terriblement identitaire là, est constante…
On se souvient ici par exemple, et non des moindres (cela avait fait alors grande polémique) qu’ en avril 2018, ledit Macron, face aux évêques de France, avait souligné publiquement dans un discours que le site de l’Elysée a curieusement et opportunément effacé de ses tablettes, un « lien entre l’Eglise et l’Etat [qui] s’est abîmé, et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer » (source : voir l’en-tête de cet article). Voudrait-on faire du catholicisme une religion d’état qu’on ne s’y prendrait pas autrement….
Mais ce qui m’apparait comme une grave entorse à l’esprit de laïcité qu’on impose pourtant sans guère d’état s d’âme ni esprit d’équité, y compris par la force publique, à d’autres, c’est le fait qu’il s’affiche aussi régulièrement et durablement dans des cérémonies religieuses non pas à titre privé, mais en sa qualité de Président. Et dans ce cas, où est son devoir de neutralité ? Comment ne pas créer là un sentiment d’exclusion envers les autres, et un ferment de division, voire de poser les bases d’une nouvelle guerre de religions qui sert si bien le camp politique que je combats, celui des réactionnaires et de l’extrême-droite rétrograde ? Comment ne pas réagir en temps qu’athée, qui ne me sent nullement représenté par un tel homme qui n’est certainement pas mon président, dont je dénie toute autorité ?
Il apparait donc bien en tous cas, faisant cela, comme ce qu’il est : un militant identitaire, qui a perdu toute légitimité à représenter l’ensemble des français dont je suis tout autant qu’un autre.
Rappelons utilement à ce moment précis de mon propos que le dernier Président à s’être rendu à Lourdes était Pétain. Exécrable symbole que voilà, pour celui qui n’a eu de cesse que de réhabiliter sa mémoire, comme celle des Maurras, et autres Chardonne… Une filiation politique qui est en train de se muer sous nos yeux ébahis en une réelle constante idéologique que je conchie allègrement.
1 … Ainsi, la fameuse loi contre le seul séparatisme musulman, qui en est l’exacte traduction, reflète assez clairement cette crispation identitaire nationaliste…