Critique de A ces idiots qui osent rêver, de Celine Devalan, vu le 14 juillet au Théâtre de la Luna (21h30)
Avec Céline Devalan et Marc Pistolesi, dans une mise en scène de Celine Devalan et René Remblier
C’est souvent comme ça dans le OFF : avant même d’éplucher le programme, je cherche le nom des comédiens qui reviennent régulièrement à Avignon et que je suis depuis plusieurs années. Un petit CTRL+F sur le programme numérique suivi du nom de Marc Pistolesi, il ne m’en faut pas plus pour réserver ma place pour A ces idiots qui osent rêver. L’affiche est kitsch à souhait mais j’aime le kitsch, j’aime les comédies romantiques qui finissent bien, j’aime rêver sur des histoires à l’eau de rose, et j’aime Marc Pistolesi : tous les ingrédients sont réunis pour que je passe une bonne soirée.
Je spoile tout de suite : je n’ai pas passé une bonne soirée. Le kitsch de l’affiche s’est invité sur la scène, mais peut-être de manière trop prononcée, trop premier degré, pour moi. Je n’ai pas passé une bonne soirée mais ce à quoi je ne m’attendais pas du tout c’est que ma mère, ma complice de toujours, celle qui m’a amenée au spectacle vivant, qui partage la majeure partie de mes soirées théâtrales, et avec qui je suis d’accord 99% du temps, elle, a passé un très bon moment devant A ces idiots qui osent rêver. Contrairement à ce qu’on peut penser de moi, je ne prends pas particulièrement de plaisir à détruire un spectacle. Je laisse donc la parole à celle qui le défendra mieux que moi et vous donnera envie, peut-être, de le découvrir.
OUI, j’ai envie de sauver ce spectacle, qui m’a fait passer une bonne soirée. J’en vois les défauts: l’histoire repose sur une série de poncifs sur les caractères de chaque sexe, sans aucun second degré, ambiance « magazine féminin ». Cela commence par la rencontre de deux êtres, en panne dans leur vie sentimentale, l’une parce qu’elle croit à la grande passion fulgurante, et préfère brûler plutôt que durer, l’autre parce qu’il refuse de s’engager (le personnage masculin étant moins bien dessiné par l’autrice). Bien entendu, ils se séduisent, sans pour autant faire de concessions, toujours à mi-chemin entre amitié amoureuse et amour, entre « bon » et « mauvais » choix. La narration, qui se veut déconstruite, n’est pas très claire, mais chaque morceau est plutôt bien écrit, offrant une partition assez variée à chaque interprète, jusqu’à une scène de claquettes. En arrière-plan, il y a des références au film Lalaland, qui m’ont échappé car je ne le connais pas. Faut-il, comme l’affirme Mordue, être prépubère ou débile pour aimer ce spectacle? Le mieux est de le prendre avec légèreté, sans trop en attendre, un moment de charme léger dans un Off qui regorge par ailleurs de thèmes anxiogènes. Je retiens la grande sincérité des interprètes, leur professionnalisme, leur présence. Marc Pistolesi est impeccable de précision, et Céline Devalan, autrice et metteuse en scène, qui a peut-être mis d’elle-même dans ce personnage de comédienne en panne de rôles, ne manque pas de charme.
Ce spectacle mérite plus de spectateurs qu’il n’en avait ce soir-là !