Elle a écrit le conte musical Nacé et la pierre d’arc-en-ciel pour un trio de comédiens-danseurs-chanteurs-musiciens. Le propos est adapté aux enfants à partir de 3 ans. Elle fait la démonstration qu’on peut aborder de vrais problèmes en employant un langage soutenu, pourvu qu’on reste dans le parler vrai et juste.
Il y avait ce matin des tout-petits accrochés à leur doudou qui ont suivi le spectacle avec attention sans jamais broncher.Il y avait aussi de plus grands, sans doute déjà repérés par leurs enseignants pour leur haut potentiel. Les comédiens furent autant à la portée des premiers que des seconds.Je salue particulièrement le parti-pris de n’avoir pas employé de sonorisation HF (inutile au demeurant mais si souvent utilisée pendant le festival sans admettre que cette façon de faire dé-localise celui qui parle ou chante, et du coup nuit à l’attention).L’histoire est prétexte à traiter des sujets dont les enfants ont forcément entendu parler sans peut-être les avoir compris.Nacé (Tiph Courau) est présentée comme un enfant, fille ou garçon, préférant plonger parmi les poissons qu’affronter le jugement des autres qui la trouvent insuffisamment fille et trop garçon manqué. Elle vivait cependant dans la joie et l’harmonie avec les autres habitants de son village de pêcheurs grâce à la pierre musicale aux couleurs de l’arc-en-ciel jusqu’à ce que celle-ci soit volée. La récitante (Garance Dupuy) interroge les enfants sur le nom des couleurs et ceux-ci se sentent immédiatement pris en considération et partant pour les reprendre en chantant sur un air de jazz.
Clément Victor a posé sur leur création un regard extérieur pour canaliser toutes les idées qu’ils ont à propos des plus ou moins nouvelles technologies, télé, téléphone qui conduisent parfois à des visions chamaniques obéissant à des logiques absurdes et loufoques. On s’amuse et on salue leurs prouesses physiques. On devrait aussi nous interroger sur le peu d’enthousiasme du public à prêter son smartphone pour qu’un artiste puisse appeler une ambulance et porter ainsi secours à son camarade qui vient de faire une chute impressionnante. Peut-on rire de notre égoïsme et du refus de solidarité au motif que c’est pour de faux ?