Cannes, ce n'est pas que le cinéma, c'est aussi une histoire de spectateurs - a.k.a. festivaliers - et comme on a le droit à un échantillon de la population mondiale, on a bien entendu la possibilité d'avoir des tarés dans les salles.
Petit exemple aujourd'hui à la projection presse d' Un héros d'Asghar Farhadi : suite à une main mal positionnée sur l'accoudoir de son voisin, un festivalier a une piqûre de rappel de ce qu'est la bêtise humaine (et moi aussi par ailleurs). Son aimable voisin a crié " DON'T TOUCH ME! ", l'a insulté copieusement et quand le premier essayait d'avoir une quelconque discussion, il se prenait la très jolie remarque condescendante " DON'T TALK TO ME! " accompagnée d'un signe de la main signifiant clairement : "tu n'es qu'un minable, tu ne mérites pas que je te parle ". Autant dire que les négociations se sont très vites arrêtées et on est passé au plus classique " Fuck you " des deux côtés. Simple et efficace. En toute logique dans ces cas là, un des deux change de place avant de passer 2h en amoureux en quasi tête-à-tête, mais bizarrement ils se sont imposés le supplice de rester voisin. L'être humain est fascinant.
Sinon en ce qui concerne les films d'aujourd'hui, j'ai pu voir The French Dispatch, la dernière pépite de Wes Anderson. Encore une fois la preuve que c'est un Festival de Cannes avec peu de monde, car habituellement je n'aurais eu aucune chance d'accéder à la salle. En tout cas, c'est tout ce qu'on attendait d'un film de ce cinéaste, ni plus, ni moins. La remarque s'applique également pour le film de Farhadi, fascinante descente aux enfers Kafkaienne d'un homme qui essaye de faire au mieux. Une pépite cinématographique à mettre sur le même piédestal qu'Une séparation.
Au final, le cinéma continue d'être de qualité et l'Homme continue d'être un Homme. Tout va bien ! Je dois avouer que je fantasme un peu à l'idée de voir un jour une véritable bagarre façon western pendant la projection d'un film avec des morceaux de musique qui collent étrangement à la situation hors de l'écran. Ça serait épique, non ?