Nous sommes le 10 juillet. Le soleil est au beau fixe et suite à l’accueil incroyable de la Fracture en séance de Gala, l’attente est immense de notre côté. Il faut dire que le casting réunit Pio Marmaï et Marina Foïs et s’attaque à un sujet très actuel : la crise des gilets jaunes sur fond de crise hospitalière. Le film est pressenti comme le cousin d’Hippocrate alors forcément on y court ! Pas de billet pour accéder à la séance, mais un accueil en dernière minute qui se fait sereinement. Il faut dire que le Grand Théâtre Lumière n’est pas plein. Rien à voir avec Corsini mais avec cette année, beaucoup moins de festivaliers présents en juillet. Résultat, pas de stress de rater une séance et des files d’attente quasiment inexistantes. Une aubaine pour notre petit badge jaune.
La Fracture raconte au sens propre comme figuré des évènements qui se dérouleront sur une journée et une nuit au cœur de l’Hôpital Public. La fracture, c’est celle de Raf au coude qui va se shooter aux médicaments pour mieux vivre sa rupture amoureuse et sa douleur. La fracture, c’est aussi et surtout celles entre les classes sociales. Représenté par le personnage de Yann, routier et gilet jaune, qui préfèrera prendre la route pour conserver son emploi que se faire soigner… On ne sait pas si c’est le concentré sur un temps court, le côté huis clos ou les dialogues acérés mais il y a dans La Fracture une urgence. De parler. De montrer. De témoigner. Le film est un choc. Suffisamment scénarisé pour éviter le côté documentaire, mais tellement bien interprété qu’on s’y abandonne sans lutter. Choc oui mais ni moralisateur ni plombant. Le film possède des moments de comédie saisissants grâce à la formidable idée d’offrir à Valeria Bruni-Tedeschi un rôle sous médoc qui la sort complètement de sa zone de confort. Face à elle, Pio Marmaï est habité par son personnage et ses revendications. Opposition de classe et de style. D’un côté la dessinatrice bobo qui pleure un manteau Agnes B. De l’autre, un routier nîmois qui vit chez sa mère. Pour son côté politique et témoin d’une France qui va mal (à tous les niveaux), on miserait une petite pièce sur la présence de La Fracture au Palmarès. Sinon, rendez-vous aux César !
Une petite pause bagel – cookie plus tard, nous voici de retour en Lumière. Cette fois-ci, direction la Russie pour un voyage en train : Compartiment N°6. Le film finlandais, raconte le trajet entre Moscou et la mer arctique d’une jeune archéologue qui rêve de découvrir un site éloigné. Un film de quête et de voyage initiatique pour se trouver tout en découvrant de nouvelles choses. C’est parfois âpre. Parfois très poétique. Le tout est un petit bonbon, mais qui manque un peu de caractère pour vraiment convaincre. On se fait bercer par le train, mais pas emporter.
Changement d’ambiance à Un Certain Regard où le talentueux et touche à tout Samuel Benchetrit vient présenter Cette musique ne joue pour personne au casting impressionnant : Vanessa Paradis, François Damiens, Gustave Kervin, Bouli Lanners... Ce film choral nous aura séduit par ces idées complètement folles. Pour vous le résumer on dira que c’est l’histoire d’une comédie musicale sur Sartre et Beauvoir, d’un patron de la pègre amoureux d’une caissière et de la boom (on dit fête !) de sa fille. Irrésistible, Cette musique ne joue pour personne est vraiment très drôle et si bien orchestré. Le casting s’amuse (à commencer par Venessa Paradis !) et nous aussi. Vraiment très réussi. Enfin le film qui aidera Benchetrit à rencontrer le succès public ? Réponse le 29 septembre en salles !
Tout allait bien jusque-là. Bonne journée de cinéma. Petit apéro en terasse. Vraiment une bonne journée. Jusqu’à ce qu’on se dise suite à un tweet d’un journaliste de RTL que le Sean Penn méritait qu’on s’y attarde. Si on avait su… Flag Day raconte l’histoire d’un fossoyeur/menteur qui finira par être emprisonné. Le film embrasse le regard de sa fille qui revient sur son enfance, son rapport avec son père, ses mensonges séduisants… Une sorte d’Arrête-moi si tu peux qui n’en a ni la carrure, ni l’urgence, ni la saveur. En choisissant de raconter cette histoire par le prisme de la fille d’un truand (qui ne le voit jamais truander), on ne comprend pas vraiment de quoi ce pauvre Sean Penn est accusé et ce qu’il fait comme bassesse. Le film est bourré d’effets de caméra, de style (au secours le rajeunissement de Sean Penn!) et propose un scénario à peine compréhensible. Lourd, jamais intéressant, le Flag Day de Sean Penn méritait tout au plus une sortie Amazon Prime. Next.
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