Je reviens avec une nouvelle chronique lecture pour vous parler d’une nouveauté parue chez « Les Escales », cette maison d’édition avec laquelle j’ai l’habitude de collaborer et que j’adore (d’ailleurs pour retrouver mes précédents avis sur les parutions des « Escales« , c’est ici).
C’est en lisant le résumé d’« Un été à Nantucket » au sein du catalogue éditorial des « Escales » que j’ai été tentée par sa découverte. Il faut dire que de nombreux éléments me parlaient bien : cette ambiance de vacances en bord de mer (parfaite pour la saison), le passage des Etats-Unis dans les années 70 et surtout ces femmes, de différentes générations, qui tentent de se reconstruire et d’avancer, seules, malgré les attentes de la société.
Je vous dis ce que j’en ai pensé…
Le livre : « Un été à Nantucket » (ici)
Crédit photo : L&T
L’autrice : Elin Hilderbrand est une romancière américaine. Elle vit à Nantucket avec son mari et ses trois enfants. Elle a grandi a Collegeville, en Pennsylvanie, et a beaucoup voyagé avant de s’installer à Nantucket – toile de fond de ses cinq derniers romans.
Le résumé : « Chaque année, les enfants de la famille Levin attendent l’été avec impatience pour retrouver la maison de leur grand-mère sur l’île de Nantucket. Mais en cette année 1969, rien ne se passe comme prévu. Le seul garçon, Tiger, est appelé pour rejoindre l’armée des États-Unis au Vietnam. Blair, l’aînée, est enceinte de jumeaux et ne peut pas voyager. Recluse à Boston, elle se débat avec ses doutes au sujet son mari. Kirby, la cadette, qui a vécu une année difficile, entre son engagement pour les droits civiques et ses amours compliqués, décide de changer d’air et part travailler sur l’île voisine de Nantucket, Martha’s Vineyard. Jessie, la benjamine, se retrouve seule entre sa grand-mère, figure de la haute société de l’île, qui lui impose ses règles vieux-jeu, et sa mère, en proie au désarroi le plus profond depuis le départ au front de son fils. Cet été 1969 sera pour toutes ces femmes celui de la résilience et du renouveau ».
Mon avis : « Un été à Nantucket » fût une jolie surprise. Je me suis plongée dans sa lecture avec facilité et me suis aussitôt laissée absorber par la vie des cinq femmes de la famille Foley-Levin. Toutes cherchent leur voie à leur façon lors de cet été 1969, grand tournant aussi bien pour l’Amérique que pour elles, à une plus petite échelle.
On y découvre ainsi les tourments, interrogations et espoirs d’Exalta, Kate, Blair, Kirby et Jessie.
- Exalta, la grand-mère, est issue de la bonne société et a ses quartiers d’été à Nantucket où elle règne en maître sur sa belle demeure et le countryclub dont elle fait naturellement partie. Perçue comme une femme intraitable et sévère, elle est pourtant la matriarche de la famille, celle qui, par sa force de caractère, semble parfois permettre aux murs de ne pas s’effondrer. Exalta représente, malgré tout, l’ancienne Amérique traditionaliste aux idées parfois bien arrêtées ;
- Kate, la mère, a grandi sous la poigne de fer d’Exalta, ce qui a nécessairement laissé des traces. Souhaitant toujours être parfaite, elle (se) cache ses émotions presque par bienséance. Elle s’effondre pourtant depuis le départ de son fils aîné pour la guerre du Vietnam, une guerre si polémique qu’elle ne sait plus si elle doit la critiquer ou bien défendre le patriotisme pour lequel son fils se bat au péril de sa vie. Kate se noie dans l’alcool ; d’autant plus qu’un secret qui la hante semble être venu la rattraper ;
- Blair est la plus âgée des filles de la famille Foley. Intellectuelle, brillante et féministe, elle qui avait tout pour réussir (selon ses critères) se retrouve toutefois à se morfondre sur son canapé, enceinte, et souffrant des absences de son mari (au propre comme au figuré) ;
- Kirby est, quant à elle, l’esprit libre de la famille : engagée politiquement pour la lutte pour les droits civiques et contre le gouvernement de Johnson et la guerre du Vietnam. Elle va toutefois être amenée à réaliser qu’il est plus « facile » pour une jeune femme blanche privilégiée d’être révolutionnaire. Kirby est en pleine transition et un événement de son passé, qu’elle souhaiterait définitivement mettre derrière elle, la pousse à s’éloigner un peu de sa famille pour se rendre seule à Martha’s Vineyard pour travailler pour la première fois de sa jeune vie ;
- Enfin, Jessie est la benjamine. Issue du second mariage de Kate avec David Levin, un avocat, elle vient d’avoir treize ans et est également en pleine transition. Elle s’interroge sur ses origines et ce qu’implique de devenir une femme…
En bref, cet été 1969 – qui se soldera par l’historique festival de Woodstock – est celui des bouleversements.
Les femmes de la famille vont devoir apprendre à accepter leurs erreurs et imperfections, à assumer leur choix et désirs et, surtout, à vivre sans homme (qu’il s’agisse d’un frère, d’un petit ami ou d’un mari) afin de trouver leur individualité et, au passage, leur identité.
J’ai aimé être plongée dans l’intimité et les pensées de ces femmes le temps d’un été à Nantucket. Je les ai toutes trouvé attachantes à leur manière (avec, tout de même, une préférence pour Jessie et Kirby) et j’étais ravie d’assister à leur développement.
J’ai également beaucoup apprécié les descriptions vivantes d’Elin Hilderbrand. L’autrice vit à Nantucket et cela se ressent. La ville balnéaire devient un personnage à part entière du roman. On devine son architecture, ses plages plus ou moins bondées, ses odeurs de pains grecs tout chauds et de glace menthe-chocolat. Un véritable parfum de vacances qui donne envie de découvrir la sophistication de Nantucket et de s’y arrêter pour un plateau de fruits de mer les pieds dans le sable.
Le petit hic de ce roman est qu’on ne s’attarde pas vraiment sur les événements historiques qui ont marqués cette année 1969, ces derniers ne font que constituer une toile de fond. Par ailleurs, on sent une certaine orientation politique de la part de l’autrice (représentation assez caricaturale du mouvement hippie ou encore conception de la guerre du Vietnam par Tiger dans le dernier tiers de l’histoire).
En bref : Un roman familial qui nous offre une parenthèse charmante. Une bonne lecture estivale qui reflète en filigrane du destin de ses personnages, quelques-unes des évolutions de l’Amérique du début des années 70.
« Un été à Nantucket » devrait prochainement être adapté en film (Sony ayant acheté les droits). Je suis déjà curieuse à l’idée de découvrir cette adaptation.
Vous êtes tentés par cette histoire ? Avez-vous déjà prévu vos lectures de vacances ?