Le parfum de la tendresse
Auteur : Alice Quinn
Éditions : Alliage (1 juillet 2021)
ISBN : 978-2369100591
380 pages
Quatrième de couverture
Joseph Conté, cinquantenaire désenchanté, qualifié de trop gentil par ses collègues qui profitent de son hyper sensibilité, mène une vie discrète et solitaire entre son métier de prof et son chat. Si seulement sa fille acceptait de le revoir et de lui présenter son petit-fils ! Peut-être alors, parviendrait-il à faire la paix avec lui-même ?
Mon avis
Joseph est acariâtre, il traîne son pessimisme et sa grogne comme d’autres affichent leur bonne humeur. Lui, il essaie de devenir transparent, pour oublier que sa femme est décédée et qu’il se sent coupable, pour ne plus penser que sa fille, mère d’un petit garçon qu’il ne connaît pas, ne lui parle plus… Une vie fade, vide…. Alors, il la remplit en rendant service. C’est le prof qui accepte d’intervertir ses heures de cours, de dépanner les collègues, de faire plus. Bien sûr, il sait que les autres en profitent mais bon … lui personne ne l’attend à la maison…. On dirait presque qu’il entretient cet état de fait, il ne lutte pas si on oublie de lui rendre la monnaie, si on se moque de lui… Un de ses élèves l’intrigue et c’est peut-être la seule chose dans sa vie qui le sort de la monotonie.
Essayer de se battre, de changer le cours des événements, non, ce n’est pas pour lui. Pourtant, un coup de téléphone va chambouler son train-train, l’obliger à aller là où il n’avait jamais imaginé se rendre, au plus profond de lui-même. Déstabilisé, bousculé, bouleversé, que va faire cet homme ? Se laisser aller ? Réagir ? Attendre ?
Jo va puiser loin, très loin, en ayant des ressources insoupçonnées pour inverser le cours du destin, pour ne pas perdre de vue « la petite fleur espérance ». Le lecteur va observer cet homme qui, pas à pas, un jour après l’autre, petit à petit, accepte que l’autre, les autres, rentrent dans sa vie, une voisine impétueuse, des jeunes gens etc… La carapace se fissure, les bras s’ouvrent lentement, il avance Jo, c’est coûteux, difficile, mais il avance. L’appartement bien rangé, plutôt triste, devient vivant, « vibrant »…. Ce n’est plus comme s’il y avait quelqu’un de passage, il est « habité » dans tous les sens du mot.
Avec son écriture fluide et délicate, Alice Quinn campe un décor et des personnages de tous les jours. Des gens qu’on pourrait croiser ou connaître. Bien sûr, ils sont tous réunis et dans la vraie vie, ce serait un peu différent, moins « concentré » dans l’espace et le temps mais peu importe. Ses protagonistes sont de vrais être humains avec leurs défauts, leur qualités, leurs peurs, leurs faiblesses….mais la plupart ont une envie furieuse d’aider ceux qui sont en difficulté. C’est le style de livre qui vous réconcilie avec le genre humain.
L’auteur ne nie pas les moments difficiles de ceux qu’elle présente, elle ne pratique pas l’optimisme béat. Elle montre simplement qu’une main tendue, un geste amical, un peu d’écoute, peuvent modifier dans le bon sens le cours d’une vie. Elle rappelle qu’à plusieurs on est plus forts, que malgré les drames, la vie vaut la peine d’être vécue.
Son récit est beau. On a envie d’accompagner Jo sur le chemin du pardon, puis sur celui des rencontres qu’il fait, en lui soufflant à l’oreille de ne pas désespérer, de croire en l’homme, que demain est un autre jour et que le beau temps revient toujours après la pluie….