Les deux premières saisons de The Sinner ont convaincu les amateurs de séries policières. Scénarios complexes, twists finaux inattendus, personnages torturés, acteurs excellents... Les attentes pour cette saison 3 se trouvaient donc assez élevées. Sortie le 19 juin dernier sur Netflix, celle-ci se révèle tout aussi bien écrite et toujours aussi bien interprétée. Le déroulement de l'enquête prend cependant une nouvelle tournure, beaucoup plus centrée sur Harry Ambrose.
The Sinner : à chaque enquête, de nouveaux pêcheurs
Les fans de The Sinner se souviennent des meurtriers au passé extrêmement obscur des saisons 1 et 2. Toujours écrits avec une grande subtilité, ceux-ci finissaient toujours à la fois victime et bourreau, ce qui rendait chaque épisode plus tendu et captivant que le précédent. Cette nouvelle saison se concentre davantage sur Harry Ambrose, le détective en charge de ces enquêtes, et son passé tout aussi trouble.
S'ouvrant sur un accident de voiture ayant tué le conducteur, le premier épisode nous présente Jamie, le suspect numéro 1, sa femme enceinte et Nick, un ancien camarade d'université. Ce dernier semble avoir une sorte d'influence mystérieuse sur Jamie, qui va grandement intriguer Ambrose. A la recherche de preuves pour incriminer son suspect, son chemin prend petit à petit la route de l' introspection, à tel point que l'enquête se retrouve parfois au second plan de l'histoire. Un parti pris intéressant qui change des deux premières saisons.
Harry Ambrose, inspecteur chevronné... Et torturé
Au lieu de prendre la direction habituelle de la recherche d'indices pour élucider un meurtre, la saison met donc beaucoup plus en valeur l'ambiguïté de l'inspecteur. Jamie apparaît parfois comme un prétexte pour faire ressortir les problèmes enfouis d'Harry. Là où, dans les saisons précédentes, une intuition l'aurait mis sur la piste d'une dérive sectaire ou d'un groupe secret et malfaisant, ses découvertes suscitent la remise en question et la compréhension du mal-être de son suspect.
De la même manière, on peut se trouver assez surpris que Sonia Barzel, personnage de second plan au départ, ne prenne pas plus d'importance dans l'enquête mais surtout dans la vie d'Harry. Plus les épisodes avancent, plus la relation entre l'inspecteur et son suspect devient étrange et insaisissable. Le fantôme du père d'Harry revenant le hanter renforce également son personnage, prisonnier des démons de son passé. Un virage extrêmement intelligent de la part des scénaristes, qui permet d'éviter un schéma trop répétitif reproduit de saison en saison.
Une interprétation sans faute
Si l'orientation du scénario prend un nouveau tournant, le casting, lui, reste impeccable. Bill Pullman incarne parfaitement le détective torturé, oscillant entre empathie, désir de justice et fascination pour son suspect. Chaque regard, chaque geste contribue à semer la confusion dans l'esprit du spectateur. Du début à la fin, ce dernier se demande dans quel camp l'inspecteur se situe. , l'interprète de Jamie, se révèle tout aussi exceptionnel. Son regard tantôt obscur, tantôt halluciné, retranscrit à merveille les conflits internes de son personnage, qui s'efforce de rentrer dans une case qui ne lui correspond pas. Quant à Nick, l'étrange ami de Jamie, son rôle omniprésent fait sans doute partie des plus difficiles et des plus importants. L'acteur, Chris Messina, livre une performance qualifiée " d' hypnotisante " par le magazine Collider. Une description qui décrit très bien son jeu subtil et captivant.
La troisième saison de The Sinner a de quoi surprendre les fans. Concentrée sur le personnage du détective, elle demeure tout aussi fascinante et bien interprétée que les précédentes. Ne comprenant pas vraiment de twist final aussi impressionnant que les précédentes saisons, celle-ci se concentre davantage sur l'introspection d'Harry Ambrose. Un choix scénaristique qui se défend mais qui décevra peut-être quelques fidèles.