Le Muséum national d’histoire naturelle et l’atelier EXB ont publié vers la fin de l’année 2020 un très beau livre contenant des textes de Roger Caillois (Pierres, L’écriture des pierres, Agates paradoxales) accompagnés de photos de la collection du même Roger Caillois conservée au Muséum.
Chaque mois, dans ce blog, nous avons rendez-vous avec ces pierres.
Photographie : François Farges
(…) Pourtant les dendrites ne furent jamais vivantes. Jamais la moindre sève n’irrigua leurs dentelles ramifiées, jamais en elles semences n’essaimèrent hors de secrètes besaces pour les multiplier alentour. Leurs frondaisons délicates furent inscrites dans la pierre par une aveugle cristallisation de substances mortes, d’oxydes métalliques. Mais leurs touffes et ramages présentent une si prodigieuse efflorescence que le profane s’y trompe à coup sûr. Il n’est désabusé qu’avec peine. Mirage assurément que ces sels qui affichent une si parfaite simulation du végétal, quand ils sont soustraits tout ensemble à la vie et à la corruption. Toutefois je ne parviens pas à me défendre de la conviction que ces fougères fausses, qui n’ont de la plante que l’apparence et qui appartiennent à un règne incompatible, à leur manière avertissent l’esprit qu’il est de plus vastes lois qui gouvernent en même temps l’inerte et l’organique.