Délicieux // De Eric Besnard. Avec Grégory Gadebois, Isabelle Carré et Benjamin Lavernhe.
Au XIIIe siècle, le restaurant tel qu’on le connait n’existe pas. Seul la haute bourgeoisie française a accès aux plats cuisinés et raffinés. Les pauvres doivent se contenter d’une cuisine à base de terrines et de pain. Délicieux nous raconte de façon assez soignée l’histoire d’un cuisinier qui va créer ce lieu de vie tel qu’on le connait aujourd’hui où l’on s’attable peu importe qui nous entoure, riches et pauvres. J’ai toujours adoré les films parlant de cuisine. Cela m’a toujours fasciné car c’est souvent un flot d’émotions qui vient m’envahir. Le récit que Délicieux nous raconte est parfait pour ouvrir l’appétit mais c’est avant tout grâce au talent de Grégory Gadebois que le film tient toutes ses promesses. Ce dernier est talentueux et parvient à nous attacher à son personnage et son histoire. Délicieux n’est pas parfait et malgré quelques longueurs qui se ressentent dans le creux de la vague, le film ne m’a jamais vraiment ennuyé. Au contraire, il m’a donné cette envie de voir où cela pouvait bien nous emmener. Nous sommes en fiction mais Délicieux raconte aussi avant tout l’aube de la Révolution française et comment un restaurant a pu finalement devenir le premier symbole de l’émancipation du peuple.
A l’aube de la Révolution Française, Pierre Manceron, cuisinier audacieux mais orgueilleux, est limogé par son maître le duc de Chamfort. La rencontre d’une femme étonnante, qui souhaite apprendre l’art culinaire à ses côtés, lui redonne confiance en lui et le pousse à s’émanciper de sa condition de domestique pour entreprendre sa propre révolution. Ensemble, ils vont inventer un lieu de plaisir et de partage ouvert à tous : le premier restaurant. Une idée qui leur vaudra clients… et ennemis.
Eris Besnard (L’esprit de famille, Le goût des merveilles) nous plonge dans cet univers culinaire avec beaucoup de soin. Les plats et la cuisine sont réellement mis à l’honneur, quitte parfois à oublier un peu de nous faire ressentir quelque chose avec les personnages. Il y a une sorte de réminiscence de Le Chocolat de Lasse Hallström. Je dois avouer que j’ai ressenti avec Délicieux un peu ce même sentiment. Le Chocolat est un film qui m’a beaucoup ému lorsque je l’ai vu et l’on retrouve dans le duo composé de Grégory Gadebois et Isabelle Carré un peu de ce que l’on avait avec Johnny Depp et Juliette Binoche dans le film datant de 2000. Cette façon d’apporter une vraie délicatesse dans le geste et dans la façon de mettre en scène les choses colle parfaitement aux besoin de Délicieux. Si je regrette presque que le propos sur la Révolution française serve simplement de terrain au film et qu’il ne soit pas assez creusé, ce n’est finalement pas ce dont j’avais besoin. La cuisine et la façon dont a pu se créer le premier restaurant se suffisent à eux-mêmes.
Note : 7/10. En bref, une agréable surprise française qui met à l’honneur l’un de nos talents : la cuisine.
Date de sortie : le 8 septembre 2021 au cinéma