Partout sur la planète, la prise de conscience des enjeux du réchauffement climatique progresse et incite de plus en plus de personnes et d'organisations à engager des actions concrètes. Exemple parmi d'autres, quatre banques (CIBC au Canada, Itaú au Brésil, NAB en Australie et NatWest au Royaume-Uni) annoncent le lancement d'une plate-forme internationale de compensation carbone volontaire.
L'objectif visé à travers cette initiative est de procurer aux entreprises clientes des institutions fondatrices une vaste place de marché sur laquelle elles vont pouvoir facilement acquérir ou céder les crédits absorbés ou produits par leurs activités. Rien de nouveau dans le principe, certes… si ce n'est qu'en étendant sa portée au-delà de frontières nationales, elle devrait stimuler la liquidité et le dynamisme des échanges et, de la sorte, réduire les obstacles et les frictions subsistant avec les solutions actuelles.
Autre aspect important à souligner, le mode de construction de ce Projet Carbone intègre d'emblée une puissante dimension de confiance. Son premier pilier réside, naturellement, dans la nature de ses créateurs et sponsors, grandes banques connues, assortie de leur capacité et leur volonté d'établir des conditions de fonctionnement claires et transparentes. S'y ajoute ensuite le choix de réserver l'accès du marché à leurs clients, dont, d'une certaine manière, elles se portent ainsi garantes, a minima, en particulier vis-à-vis de ceux qui proposent les programmes de compensation, sur le terrain.
En pratique, les utilisateurs disposeront avec cet outil d'un espace sécurisé dans lequel ils auront d'abord la possibilité de consulter les soldes de crédit carbone de leurs contreparties (certifiés et traçables), de suivre l'ensemble des transactions réalisées (volumes et prix) et d'exécuter des opérations (avec prise en charge des règlements, bien entendu). Par ailleurs, divers services complémentaires seront mis en place progressivement afin de les aider à mieux gérer leurs risques environnementaux.
Encore en cours de développement aujourd'hui, la plate-forme ouvrira normalement ses portes, en mode expérimental, au mois d'août prochain, dans une perspective de validation juridique, opérationnelle et technique (sur ce dernier plan, le recours à une blockchain est hélas probablement aussi fragilisant que superflu). Une fois cette étape franchie, elle se tiendra prête à accueillir d'autres établissements partenaires, en provenance du monde entier, condition essentielle pour en démultiplier la valeur.
La structuration des réflexions sur la maîtrise globale des émissions de gaz à effet de serre, dont s'est emparé, entre autres, un groupe de travail des Nations-Unies qui inspire ce projet, est propice à l'implication des banques. Celles-ci auraient intérêt à se précipiter sur l'opportunité de démontrer leur engagement autour de la responsabilité sociétale d'entreprise en rejoignant une démarche dont l'aspect international constitue en outre un moyen unique, à une telle échelle, d'intégrer la question de l'équilibre nord-sud.