Pendant le mois que je passe en Palestine et en Israël, l’art n’est pas, vous pouvez l’imaginer, ma seule préoccupation. Mais, ici, je continuerai à ne parler que d’expositions que j’ai vues.
Dans la vieille ville de Jérusalem, un modeste centre d’art, Al Ma’mal, monte avec énergie des expositions d’art contemporain. L’art contemporain se trouve plutôt, d’un côté à Tel-Aviv et de l’autre à Ramallah, que dans cette ville plutôt conservatrice, où les lieux sont rares. Dans ce centre, l’accueil y est chaleureux, mais c’est la fin d’un programme qui a eu lieu dans toute la ville, et j’arrive juste avant le décrochage des tableaux de Inass Yassin, une série dénommée Transformation de cette jeune artiste palestinienne.
Ce sont des peintures sur bois où, dans le bas, la matière se délite, le bois devient grumeleux, rugueux, comme un ancrage dans la matière. Le haut des panneaux est, au contraire, hyper-lisse, avec des collages, de la cire, dirait-on. Ce sont des paysages bien noirs, où arbres et constructions ne semblent faire plus qu’un, le béton remplaçant les arbres, allusion peut-être aux colonies. Et les arbres, comme ces deux palmiers, sont si beaux, si droits, si nobles. Partout des oiseaux noirs, qui semblent voler de tableau en tableau, qui occupent tout l’espace : mauvais augure ou espoir d’évasion ? Il est bien difficile de ne pas lire, sur-lire peut-être, des tonalités sinon politiques, en tout cas témoignant de la vie quotidienne dans son pays.
Mon tableau favori fut cet intérieur à la fenêtre grillagée : néanmoins les oiseaux pénètrent avec la lumière. C’est peut-être bien l’espoir alors.
Autres oeuvres d’elle ici et critique (en Allemand) ici.