La jeune pousse N26 a depuis bien longtemps développé une offre de crédit à la consommation. Confrontée à l'émergence fulgurante de la menace du BNPL (« Buy Now, Pay Later »), elle s'adapte et en décline depuis peu une version sur sa terre d'origine, en Allemagne. Elle y introduit cependant la faculté originale de pouvoir remonter le temps.
Le principe de base est résolument classique. En cas de difficulté de trésorerie, l'utilisateur, préalablement qualifié peut-on supposer, a la possibilité de demander en quelques gestes le fractionnement de ses dépenses éligibles – entre 50 et 500 euros, sur une sélection de catégories prédéterminées – en 3 à 6 mensualités, à des conditions totalement transparentes, notamment en termes de taux d'intérêt applicable et de coût total de l'opération, et sans pénalités de retard ni pour remboursement anticipé.
Cependant, là où les leaders du domaine imposent à leur client de choisir le paiement en plusieurs fois avant la conclusion de la transaction et où des vétérans, tels qu'Oney, lui laissent quelques heures pour solliciter la facilité, N26 permet de l'exploiter sur des achats réalisés jusqu'à 4 semaines dans le passé. Une option de son application mobile restitue la liste des opérations concernées au sein de l'historique, puis, une fois l'une d'elles sélectionnée, il ne reste plus qu'à choisir la durée de l'emprunt et confirmer l'action.
Le montant correspondant, duquel est déduit la première mensualité, est versé immédiatement sur le compte de la personne. Par la suite, la somme due est prélevée automatiquement à chaque échéance, précédée d'une alerte afin d'autoriser le délai d'un réapprovisionnement, le cas échéant. La manœuvre peut être répétée autant de fois que souhaité (du moins pour les clients qui passent les filtres de solvabilité de la banque), dans la limite d'une avance globale maximum de 500 euros, à tout moment.
Cette approche du paiement fractionné, qui représente aussi un moyen pour N26 de recoller à la concurrence, est particulièrement intéressante à analyser car elle n'est qu'un ré-habillage d'un produit de crédit banal. En effet, où se trouve le lien entre l'avance consentie et l'achat sur lequel elle est imputée, effectué jusqu'à un mois plus tôt ? La réponse est : dans la tête du client, qui tend à moins culpabiliser par le report d'une dépense qu'il va prétendre exceptionnelle pour s'auto-justifier que par un emprunt exposé comme tel ou par un passif s'accumulant continuellement sur une carte de crédit.
Voilà pourquoi l'inquiétude exprimée par certains régulateurs vis-à-vis du boom du BNPL est probablement légitime : ces nouveaux instruments encouragent plus que jamais le recours à l'endettement, en abaissant les barrières psychologiques régulatrices (a minima) des comportements. Et voilà pourquoi, plus encore, il paraît indispensable que les fournisseurs accompagnent leurs offres d'outils de conseil donnant aux consommateurs le plein contrôle, la conscience, des engagements qu'ils prennent.