Souvent dans les allocutions, dans les écrits d’hommes politiques, d’intellectuels, de journalistes il est fait une confusion entre séparation de l’église et de l’État avec laïcité. À regarder de près, ces deux notions sont strictement différentes, à la limite, elles sont opposées.
Par séparation de l’église de l’État, on entend le fait de délimiter le pouvoir de l’église, voire l’interdire. Il s’agit d’une question avant tout historique. À l’époque de la France féodale, les monarques tiraient leur pouvoir du droit divin. Ils étaient soutenus dans ce pouvoir par l’église qui avait l’emprise, non seulement sur l’éducation, la scolarité, mais de même sur une partie de la vie quotidienne.
C’est cette utilisation de la religion à des fins politiques qui sera dans un premier temps décriée par les premiers penseurs tels que Rabelais, ensuite les philosophes des lumières. Il faut noter que, justement et paradoxalement pour lutter contre le pouvoir ecclésiastique, certains penseurs, écrivains, poètes, s’abritèrent derrière les textes originaux des Évangiles. L’église se comportait en désaccord avec les textes.
Beaucoup faisaient la différence entre les préceptes des Évangiles qui apportaient une cohésion sociale par la morale, par la spiritualité, par la croyance, et le pouvoir politique de l’église. En quelque sorte, les gens tout en voulant rester croyants, recherchaient une forme d’autonomie politique en dehors de l’autorité religieuse. Dans la séparation de l’église de l’État, il n’est point question de supprimer la religion dans son apparence de tous les jours. Les gens continuaient d’aller à l’église, de porter des croix, de s’habiller de manière chrétienne si cela existe. Cela ne dérangeait personne, parce qu’il s’agit d’une liberté qui n’affectait pas le déroulement démocratique. On pouvait tout en croyant fermement aux Évangiles, être profondément démocratique.
Cette manière intelligente de gérer le spirituel et le temporel était une vertu de l’être humain auquel on faisait confiance. Le citoyen par sa seule lucidité savait à quel moment écarter le religieux lorsqu’il interférait avec la raison publique.
Malheureusement, avec l’avènement grandissant de la pensée philosophique pure s’est instauré un courant presque de dictature qui est la laïcité.
La laïcité, tout en préservant le droit de croyances des citoyens, interdit toute manifestation religieuse, crèches et sapin de Noël compris ! Cela veut dire que l’homme et la femme sont libres de croire à condition que cela reste du domaine du privé. Dans la laïcité on ne fait plus confiance à l’individu, on applique des lois.
On peut dès lors se poser la question si la laïcité n’est pas finalement un échec politique, voire intellectuel. La principale raison pour interdire la religion dans le domaine public est du fait de grands conflits religieux. Dans ces conditions, on peut tout aussi bien interdire les signes du communisme, puisque ce courant de pensée a non seulement accaparé les esprits, mais a causé bien des guerres.
D’un autre côté, quand on examine l’ancien régime avec son doigt divin, on se rend compte que paradoxalement il a produit plus de liberté que dans l’époque contemporaine. Je ne veux pour preuve que les fables de La Fontaine, les pièces de Molière, les grandes tragédies de Racine, de Corneille. Il y avait un immense souffle de liberté. Sans oublier Rabelais, Montaigne, Montesquieu et les philosophes des lumières eux-mêmes. Toutes ces personnes, grâce à l’ancien régime régi par le droit divin, ont pu exercer leur art en toute liberté. Et s’ils eurent des entraves, elles furent moins graves que ce qui se passe dans notre époque.
Le droit divin, s’il donnait un pouvoir aux monarques français, les limitait en même temps. Parce qu’ils connaissaient les Évangiles, les cerfs exerçaient une certaine restriction à ce même pouvoir divin. Les puissants ne peuvent transgresser les lois divines. Il s’y soumettaient comme les faibles.
Les gens parce qu’ils étaient religieux, parce qu’ils étaient croyants, vivaient en harmonie avec ce droit divin tellement décrié de nos jours. Ces notions-là ne doivent jamais être regardées avec la mentalité actuelle. Il faudrait au contraire s’inspirer de la manière dont fonctionnait l’ancien régime.
Avec la séparation de l’église de l’État, on garde les principes moraux de la religion. Avec la laïcité, on rejette le tout, morale comprise. L’une des grandes tragédies de laïcité, outre le fait qu’elle exerce une pression sur la pensée, est qu’elle n’a jamais trouvé une morale de remplacement. Et cela se fait sentir, et se fera sentir de plus en plus en Occident.
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