En vacances présentement.
Dans la rue où des amis habitent autour d'un lac.
Leur cour arrière donne directement sur la plage qui est aussi, publique. Grâce à eux, nous qui sommes plus loin dans la rue, pouvons avoir accès à cette plage, autrement assez privée (même si publique on doit y montrer patte blanche et justifier nos présences). C'est fort agréable d'avoir cet accès l'eau et cette plage presque pour nous tout seul. Sentiment de privilégiés. Même si le 418 n'offre pas la météo du 514. On est loin du travail quotidien. (Bien qu'on le cauchemarde).
Ce sentiment de privilégiés m'a fait penser à Richard Branson et Jeff Bezos. Deux des hommes les plus riches sur terre. Mais qui n'ont jamais eu tout cuit dans le bec. Qui ont toujours bossé pour gagner leur fortune. Peut-être moins maintenant, mais qui se sont bâtis tout seuls.
Branson est Anglais d'origine. Mauvais à l'école, probablement mal guidé par sa dyslexie, il a vite tenté de se bâtir une carrière. Il a pensé et travaillé vers ses 16 ans, un magazine appelé Student, qu'il lancera deux ans plus tard et qui lui rapportait déjà autour de 50 000 livres sterling. Trouvant que ce n'était pas suffisant, il s'ouvre un magasin de ventes de disques. Et utilise vivement son propre magazine afin de faire la promotion de nouvelle musique, l'un faisant la promotion de l'autre. Chacun nourrissant ses poches. En réussissant à interviewer Mick Jagger, au sommet de sa gloire, Branson se fait un nom. Non seulement vend il ses disques moins chers et réussi à faire un peu d'argent, mais il se procure un studio à Oxford et fonde sa propre étiquette de disque. Le tout premier artiste à y enregistrer aura un succès mondial phénoménal. Ce qui lui donnera le meilleur des coups de main. L'étiquette Virgin aura un succès assez important avec les Rolling Stones, les Sex Pistols, Can, Faust, Culture Club, Peter Gabriel, XTC, Japan, UB40, Steve Winwood, Paula Abdul, pour ne nommer que ceux-là.
En 1979, il avait au moins 5 millions en banque. Un brin impulsif, quand un de ses vols d'avion est annulé, il achète et fonde sa propre ligne aérienne. Virgin, aussi que ça s'appellera. Il fera beaucoup de bidous là aussi. Il essaiera de se lancer dans la téléphonie. Ça marchera à moitié. Ici en tout cas. On se moque beaucoup de lui quand il vient lancer à Montréal sa business de téléphone en arrivant par le plafond dans un centre commercial, la comédienne Caroline Néron dans le rôle de la femme en détresse, que Branson vient sauver du ciel, en descendant sur une corde comme un Indiana Jones des pauvres. Il démontre, ce faisant, une réelle incompréhension du marché qu'il tente de conquérir, de sa population, de ce qui plait (ou non) aux Québécois. J'avoue qu'à partir de ce moment, je l'avais rangé dans la catégorie des "riches twits". Ce qu'il est assurément. Mais on peut se permettre d'être twit quand on a gagné sa richesse.
Et je ne peux nier qu'il l'a fait, avec succès. De l'aviation, il est passé naturellement à l'aérospatial. Et au tourisme spatial. Les gens qui ont tout veulent souvent plus encore, et les défis deviennent Everest et lunaires.
Bezos est pour sa part originaire de Houston et Miami. Né Jorgensen, d'un père de 19 ans et de sa mère de 17, quand celle-ci épouse un immigrant cubain du nom de Bezos, celui-ci adopte légalement Jeff et le rebaptise Bezos. Son père d'adoption est ingénieur chez Exxon, ce qui lui fera faire des études d'ingénieur, en électrique et en science informatiques, alors naissantes, vers 1986. Adolescent, il était humblement employé cuisinier dans la chaîne de restauration McDonald. À sa sortie universitaire, il est engagé dans des firmes de consultation en développement technologiques, en télécommunications et dans les affaires qui se démarrent à ce niveau. Il travaillera à Wall Street.
À 30 ans, dans son garage, il choisit de se partir un site de commande de livres sur le net. Amazon. On sait depuis ce que c'est devenu. Un empire de plus de 200 milliards. Un succès, il va sans dire. Lui aussi, voulant relever de nouveaux défis qui ne semblent plus à sa hauteur, a voulu conquérir maintenant la lune. Et il a suivi un entrainement d'astronaute pour aller s'amuser dans les étoiles.
Branson se lance dans l'espace afin de mousser l'industrie du tourisme spatial qu'il veut voir progresser, dimanche prochain. Et avec le but avoué de gagner "une course" plus ou moins inventée contre Bezos.
Qui lui, part pour l'espace, le 20 juillet prochain. L'urgence de Branson est un peu bête et on sait ce qui arrive quand un station de nouvelles veut sortir la nouvelle beaucoup plus vite que la concurrente. C'est livré tout croche.
Bezos, plus sage, ne répond pas à ce type de défi légèrement juvénile.
Je n'aurai jamais ce type d'ambitions. Parce que je ne serai jamais si riche. Mais je me disais que ce petit coin de sable bien à nous, on ne l'avait pas volé non plus. On l'a sué toute la pandémie et on l'a travaillé comme des mongols. Au péril de nos santés. Mentales et physiques.
Ce qu'on soigne très bien ici.