Écrit et réalisé par Emerald Fennell, Promising Young Woman est un film qui vaut surtout pour la performance magistrale de Carey Mulligan. Crédible dans l’ensemble des registres que son personnage l’amène à explorer, l’actrice britannique fait effectivement des merveilles dans la peau de cette femme imprévisible, tantôt fatale et perverse, tantôt traumatisée et romantique. C’est peu de dire qu’elle constitue le principal attrait du long-métrage. Si ce dernier n’est pas dénué de qualités, notamment formelles, il affiche en effet très vite ses limites. Oscillant constamment entre plusieurs genres (comédie noire, comédie dramatique, revenge movie…), le film ne se montre vraiment convaincant dans aucun. Avec son scénario manichéen qui enfonce des portes ouvertes et part dans tous les sens (la trajectoire des personnages laisse perplexe), il est d’ailleurs bien difficile de déterminer ce qu’a vraiment voulu nous dire la réalisatrice. Même l’apparente audace de certains ressorts narratifs sonne complètement faux au regard du traitement qui nous est proposé par la suite.
Cela étant, comme je l’évoquais plus tôt, le film présente tout de même quelques atouts non négligeables. Outre la prestation dramatique incroyablement dense de Carey Mulligan, on retiendra par exemple l’approche graphique rafraîchissante de l’œuvre. Si la photographie chatoyante des images participe malheureusement à la dimension un peu insaisissable du film, elle lui confère néanmoins une identité visuelle appréciable. Indépendamment de sa pertinence avec le fond, l’aspect formel suscite ainsi un réel intérêt. Malgré un scénario pour le moins hasardeux, on appréciera également la qualité des dialogues. Plutôt soutenus et bien écrits, ils rythment efficacement le long-métrage, offrant par la même occasion aux acteurs quelques échanges savoureux. Autant d’éléments qui viennent en définitive contrebalancer l’impression générale plutôt négative, mais qui ne permettent toutefois pas au film de sortir véritablement du lot.Plombé par un scénario bancal, Promising Young Woman est donc un drame profondément inégal, construisant son récit autour d’audaces scénaristiques pour le moins maladroites. Manquant cruellement de subtilité dans son traitement du féminisme, le long-métrage ne doit son salut qu’à l’interprétation phénoménale de Carey Mulligan, ainsi qu’à l’approche pop rafraîchissante de la bande son et des images.