Le titre est facile, je l'avoue... mais comment ne pas réagir, tant bien même naïvement, lorsque sur le même espace d'exposition se côtoient deux présentations si antinomiques !
Là, l'exposition justement nommée "Désir d'humanité" de Barthélémy Toguo, donne à voir des corps plantés de clous respirant la souffrance que, peut-être, des intercesseurs comme les grands minkondi, ces "fétiches" à clous congolais, seraient à même de soulager, voire d'exorciser.
Puis, au détour du fond du plateau, au tournant des réserves des instruments de musiques, mais ce n'est pas le parcours prévu pour le visiteur et le choc n'en est que plus rude, un autre univers se dévoile. Il me fait songer à notre monde confiné. Beaucoup d'espaces vides. Surgissent dans ce milieu qui s'annonce aseptisé, des oeuvres pour la plupart africaines, "encapsulées", mises à distance comme il se doit en ces temps frileux, protégées des humains avec leurs miasmes et leurs défauts, leur sang pollué qui pourrait couler des clous perforant leurs chairs.
Tel se présente l'espace de la la collection Marc Ladreit de Lacharière.
Et si l'on tient à s'imprégner d'une "bien-pensance" stérile, il suffit de lire, mais je le conseille, avec un brin de recul et de dérision, la notice du musée... Cela commence ainsi...
Imaginé par l'architecte Jean Nouvel, l'écrin de la collection s'attache à révéler le pouvoir de présence des œuvres, en faisant le choix d'un parti pris scénographique original et poétique qui prédispose le visiteur à la contemplation. Par son format, comme par son harmonie, le parcours d'exposition permet une approche intime et privilégiée de la collection, et propose au public une expérience esthétique inédite.
Il existe heureusement d'autres voix qui existent de par le monde ; il suffit d'être vigilant.
"Nul n'est poète en son pays et pourtant / J'ai vu ceux qui suent et ceux qui saignent / Devenir ceux qui sèment les mots qui soignent" Souleymane Diamanka.
Photos de l'auteure, musée du Quai Branly, juin 2021.