Couleur charbon, les nuages. Solides, compacts, opaques, noirs minuit. En rangs serrés, ils s’avancent velus, obèses. Leur ventre qui traine au ras du sol. L’orage rage, encore et encore, le ciel craque et se fend. Aucune sirène, et pourtant, c’est un nouveau bombardement. Le sol crépite, la terre tremble, se soulève et le sol vole en éclats.
Le ciel tire à balles réelles, mitraille, défouraille à tout va. Le ciel en a marre de nos gueules d’atmosphère, il a trop vu nos têtes de culs, il n’en peut plus, le ciel. Alors, chaque jour, à heures régulières, il nous balance tout ce qu’il a sur le coin de nos tronches. Du vent à déraciner les arbres. De l’eau, par plein tonneaux. Et de grands seaux de glace concassée pour former un essaim de projectiles lancés à l’assaut des pare-brise qu’ils fracassent avec entrain.
Des congères se forment sur les bords de l’été.
On n’y voit plus rien, alors on court sans queue ni tête, un pardessus dérisoire sur nos crânes déplumés. Une branche passe. Une tuile s’écrase. Le ciel se gave d’objets épars qu’il recrache au hasard. C’est le moment qu’il préfère, le ciel, quand ça bastonne, quand les tables passent en sifflant au-dessus de nos têtes, quand il fait s’envoler tout ce qui n’est pas fait pour voler. Il aime le contraste, le côté décalé et nos regards apeurés quand il nous met le monde à l’envers.
Juillet à l’heure de l’ère glaciaire.
Nous nous taisons. Nous nous terrons. Infiniment fragiles.
Petits.
Perméables.
Nous ne sommes pas à l’épreuve des balles.