Musique : Wes Madiko tire sa révérence

Publié le 28 juin 2021 par Tonton @supprimez

Décédé vendredi en Normandie, le chanteur camerounais fut le second artiste africain à remporter un disque de diamant en France avec « Alane », tube de l’été 1997.

Il est parti sans crier gare. Un peu comme ce mois de 1997 lorsqu’il déboulonne sur la scène mondiale où peu de personnes l’attendaient, en bouleversant tout sur son passage. Il est parti. Emportant avec lui un pan du mystère qui l’entourait. Parmi ses fans au Cameroun, nombreux sont encore à se demander dans quelle langue le natif de Mouataba dans le département Moungo, région du Littoral chantait. Le befoun, langue parlée dans quelques villages de Njombé-Penja ? La légende raconte que l’artiste chantait dans une langue qui n’existait pas.

Une langue vivante, une langue vibrante qui l’a conduit au sommet de la musique mondiale, lui l’enfant de Mouataba, petit village de Njombé-Penja où les histoires de sorcellerie et de mysticisme ont bercé l’enfance de plus d’un. Des histoires, ou plutôt des fables difficiles à vérifier. Spirituel, l’artiste entretenait volontiers le mystère.

Wes Madiko a quitté ce monde dans la nuit du 25 au 26 juin à Alençon, dans le département de l’Orne, région de la Normandie. Une opération chirurgicale due à une infection nosocomiale a eu raison du chanteur de 57 ans à la silhouette imposante au teint d’un noir de jais.

Wes Madiko a eu une carrière fulgurante et riche. Il arrive en France à la fin des années 1980 et se lance aussitôt dans la musique. Au milieu des années 90, sa carrière prend un tournant décisif grâce à une belle rencontre avec le photographe Bernard Delhalle qui lui présente Michel Sanchez, un des fondateurs de Deep Forest, un groupe français dont les compositions musicales sont d’influences diverses.

Le succès est au rendez-vous de cette belle collaboration entre le camerounais et le français. Michel Sanchez va arranger, composer l’album « Welenga » de Wes Madiko. C’est de cette galette musicale qu’est extrait le single Alane » qui fera connaître Wes Madiko à travers le monde. Particulièrement en Europe où la chanson se classe en tête des ventes dans plusieurs pays (Autriche, Belgique, France et Pays-Bas).

Avec près « 10 millions de singles vendus dans le monde et 4 millions d’exemplaires de l’album « Welenga » vendus, lit-on sur Wikipédia.
La production met aussi le paquet pour la réalisation du clip et fait appel à la chorégraphe américaine Mia Frye connue en France pour ses chorégraphies de clip. La vidéo d’ « Alane » est colorée.

A la suite de ce succès, l’histoire a retenu que Wes Madiko est le deuxième artiste africain à remporter un disque de diamant en France, le 25 juin 1997 après Khaled pour sa chanson Aïcha.
Après « Alane », Wes Madiko a sorti d’autres titres. Il a plusieurs albums sur le marché : « Welenga », 1997, « Sinami », 2000 et « Melowe , 2010.

Des titres phares comme « Awa Awa », « Sela-Sela », « In Youpendi », « Midiwa bôl »

Comme dans toute grande carrière, Wes Madiko va connaître des passages à vide. Au milieu des années 2000, le succès n’est plus autant au-rendez-vous mais la flamme de l’artiste reste la même. Proche de ses racines, Wes Madiko fera de nombreux voyages au Cameroun où il entame d’ailleurs les travaux de construction d’une maison dans son village. Toujours habillé en Afritude, des nattes ou des locks sur la tête, il a collaboré avec certains de ses confrères du Cameroun. Son dernier passage médiatisé au Cameroun remonte en 2019 sur l’émission « CameroonFeeling » d’Eric Christian Nya. En 2020, sa chanson « Alane » redevient à la mode et passe sur des chaînes de radios allemandes, grâce au remix d’ « Alane » proposé par le DJ et producteur de disques allemand Robin Schulz. Plus connu sous le nom de Wes, le chanteur était marié et papa de 5 enfants. Il avait 57 ans. Le Cameroun a perdu un digne fils.

Elsa Kane