Billet collaboratif, écrit à plusieurs mains (mais c’est bien moi qui tient le bâton qui frappe le sol pour donner le rythme, histoire de faire danser le menuet au freluquet dont il est question dans l’histoire… 😉.
Nous sommes quelques uns à nous être offusqués du tournant particulièrement réactionnaire et identitaire du PCF, sous la baguette de son secrétaire national, Fabien Roussel. J’attendais d’avoir assez de matière pour nourrir un billet bien senti comme j’en ai le secret. C’est chose faite grâce aux envois de plusieurs ami.e.s de twitter qui se reconnaitront grâce à leurs apports, en liens sourcés s’il vous plait. j’y tiens. On n’est pas ici sur le registre des rumeurs, des on-dits, de l’esprit d’escalier ou des querelles de comptoir, mais bien dans le traitement de données brutes et factuelles, remises en perspective grâce aux propos de l’ accusé lui-même.
Mais de quel bois est donc fait le dossier d’accusation du Sieur Roussel, je vous prie ? Voici les pièces à conviction.
Tout d’abord, ce qui nous particulièrement et littéralement ulcérés, c’est l’aplomb avec lequel ledit Fabien Roussel a fait prendre au parti dit communiste un tournant aussi nationaliste et sécuritaire que le PS en son temps avait pris un virage libéral prédateur sous Hollande avec un Valls, ce qui a jalonné l’un des points de sa décrépitude, comme je l’espère de graves manquements à l’esprit de la gauche que nous allons égrener ici seront les bases spécifiques de la déconfiture du PCF. Car quand on porte les idées de l’ennemi politique, fatalement, on le devient. On ne voit que trop de candidats et de partis en ces temps troublés faire la cour aux électeurs du Rassemblement National avec le même genre d’idées moisies pour que ce ne soit pas sans conséquences… Ceux qui se sont égarés dans cette voie sans issue devront bien rendre des comptes un jour devant le tribunal de l’Histoire.
Sur le volet sécuritaire, ce que nous reprochons à Fabien Roussel et à son parti devenu si désespérément conservateur, c’est d’avoir bien vite oublié son origine politique révolutionnaire, pour se consacrer à présent à la protection de sa rente viagère, comme si le premier mai lui appartenait… Pas dans l’esprit ni même dans la forme, visiblement, quand on connait son histoire gauchiste et qu’on lira la suite… Voilà en effet le soutien et même le service après vente qu’il assure en appui à son petit camarade, Stéphane Peu, Député communiste de Seine St Denis et auteur d’une lettre au ministre de l’Intérieur de l’époque, qui vise tout particulièrement ces émeutiers dont nous refusons obstinément et volontairement de nous désolidariser pour de très bonnes raisons. Extrait :
sourceToujours dans le sillage de cette ligne conservatrice si molle du genou qu’on lui reproche même en interne, Fabien Roussel a résolument tenu à se démarquer de l’action de la CGT électricité d’Île de France qui avait symboliquement coupé l’électricité du siège de la CFDT (le syndicat qui négocie le poids des chaînes) pendant un petit quart d’heure pour protester contre son positionnement particulièrement favorable aux réformes gouvernementales, et si nuisibles pour l’intérêt à long terme des salarié.e.s. :
sourceSi l’on n’a pas l’esprit révolutionnaire, (je vous pardonne, tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents libertaires ;), passons néanmoins maintenant au volet sécuritaire, dont Fabien Roussel a également tenu à refaire la peinture à sa façon… Alors que notre pays, tout aussi concerné que d’autres (n’en déplaisent aux habituels défenseurs de l’ordre établi en plein déni) a été pris dans un mouvement d’ampleur internationale contre les violences policières et le racisme systémique dans la police, à la suite du meurtre de George Floyd par Derek Chauvin dont j’ai parlé ici ce matin, voilà que notre soi-disant communiste d’opérette ne trouve rien de plus urgent que de se joindre à leurs revendications ultra-sécuritaires de plus en plus haut perchées, qui ne satisfont que leurs seuls intérêts corporatistes au plus clair détriment du respect minimal de nos libertés fondamentales :
sourceDans cette interview, il va même jusqu’à défendre des mesures brandies par le syndicat policier d’extrême-droite Alliance Police, comme ces fameuses peines planchers dont on a pourtant démontré les limites, et même dans certains cas le caractère anti-constitutionnel. Des mesures que plus grand monde ne soutient sans arrière pensée, sinon en toute duplicité pour faire un clin d’œil de connivence avec le côté le plus archaïque de l’échiquier politique, qui balance un peu trop ces derniers temps dans ce sens là… Le pôle conservateur a de beaux jours devant lui, dans notre pays. Fallait-il vraiment que le PCF lui apporte son soutien ?
… Pire, il va même, ce qui est apparu comme une faute majeure pour de nombreux défenseurs des droits humains et de lutte contre le racisme et les violences policières, et pour tous ceux qui luttent contre l’extrême droite si désespérément omniprésente dans les rangs des forces de l’ordre, jusqu’à manifester aux côtés de syndicats policiers et du ministre de l’Intérieur, ce qui est un non sens absolu quand on se prétend de gauche, si ce n’est à vouloir absolument paraitre respectable à la mesure étalon d’un Darmanin dont on connait bien les idées… Pour satisfaire quel électorat, exactement ?
sourceMoi ce que j’en dis…. (retenez moi, je vais devenir grossier…) :
sourcePour se justifier de sa présence aux côtés de ces chiens de garde d’une république moribonde, Fabien Roussel a tenté de se disculper en mentant éhontément. En effet, lorsqu’il a déclaré qu’il participait à cette manifestation, la CGT police refusait jusque là d’y participer. Ce n’est que 3 jours plus tard qu’ils se sont fendus d’un communiqué appelant à y participer. En outre, il est utile de préciser que la CGT de l’Intérieur, elle, s’est désolidarisée en manifestant à part, trois jours plus tard, estimant à juste titre la manifestation du 19 mai largement instrumentalisée politiquement. C’est ballot. Toujours est-il que s’il continue sur cette lancée là, le PCF va en arriver à signer des tribunes dans Valeurs actuelles avec des militaires en retraite aigris… et tout aussi réactionnaires.
Ici, pour creuser sa tombe sur ce registre là, il va par exemple jusqu’à pousser la chansonnette sur le registre médiatique aussi grandiloquent que détaché de nos réalités sociales (j’y habite, je sais de quoi je parle), des mythiques (quelle légende urbaine ridicule…) « territoires perdus de la République« . Cette chanson là, on la connait. On attendait autre chose d’une personnalité communiste de premier plan que d’allier ses jésuitiques jérémiades à l’air ambiant empesté par les réactionnaires. Quelle modernité que voilà… Et il y a donc des communistes qui adhèrent à cet air là ? Mais qui sont donc ces dinosaures, exactement ? Ont-ils encore toutes leurs facultés ? On ne peut que s’interroger, surtout voyant la suite…
Alors que tout un.e chacun.e peut en son âme et conscience légitimement considérer que la loi dite sécurité globale porte profondément atteinte à nos libertés fondamentales les plus basiques, comme cela a été martelé ici en maintes occasions, on assiste à la vision d’un parti totalement absent lors de votes significatifs sur le registre sécuritaire, comme la loi « sécurité globale », à propos de laquelle le PCF s’est courageusement… abstenu. Belle opposition aux idées macronistes libérales sécuritaires que voilà !
Pour étayer l’accusation de nationalisme annoncée en début d’article, nous avons choisi deux démonstrations. La première est cette déclaration à l’Instant Politique, en 2019, dans laquelle il regrette que « le nationalisme soit privatisé par l’extrême-droite ». Sur ce même registre critiquable, il est également favorable au SNU, cette machine à formater les jeunes par ce même concept d’identité nationale, dans la mesure où selon lui, « cela permettrait aux citoyens de se retrouver autour d’une nation qui rassemble ». Autour du clairon et du lit au carré sur l’air du sang impur qui abreuve nos sillons ? On peut rêver d’autres projets plus novateurs, utiles et émancipateurs pour la jeunesse de ce pays, non ? Et aussi, moins onéreux pour nos dépenses publiques qui ont bien d’autres priorités…
Passons enfin à présent au dernier item de ce dossier : la lutte contre le racisme. On ne peut pas dire que le secrétaire si terriblement national… iste de ce parti autrefois un peu plus porteur d’espoir de transformation sociale et d’équité sociale se soit particulièrement distingué par la maitrise de ses dossiers, si ce n’est là aussi à adopter un positionnement étonnamment identitaire pour un parti qui s’est voulu autrefois un peu plus internationaliste 1.... Voici là aussi les pièces à verser au dossier :
Tout d’abord, simple entrée en matière pour servir d’amuse-gueules, le PCF émet un signe fort en s’abstenant là encore sur la loi dite « séparatisme », dont le racisme d’état qu’elle comporte envers une seule, unique et exclusive religion n’est plus à démontrer. L’islamophobie dans ce pays est pourtant une réalité dont le PCF aurait tort de se démarquer pour satisfaire un certain électorat qu’il guigne comme d’autres de son regard plein d’appétit électoral… C’est immonde.
La suite nous permet d’observer qu’il y a une certaine continuité idéologique dans le refus de l’antiracisme de leur secrétaire national puisque celui-ci a refusé de participer à la Marche contre l’Islamophobie, contre l’avis même de son parti, c’est assez dire de ses convictions personnelles….
sourceIci, Petite parenthèse personnelle : on apprendrait par la suite qu’il ait été gagné par l’influence si peu humaniste du Printemps Républicain que cela ne m’étonnerait pas…. C’est leur registre de prédilection même. A moins que ce ne soit par la propagande d’état ? C’est kif kif.
Dans la même ligne de refus obstiné de lutter contre l’extrême droite, il ne signera pas l’appel pour les libertés, texte de base des manifestations contre l’extrême droite, le 12 juin, partout en France. L’absence de sa signature fera d’ailleurs grand bruit à gauche, notamment au sein même du PCF.
A propos d’une certaine polémique réactionnaire en provenance directe de l’extrême droite, qui tente un peu trop systématiquement de tordre le débat en prétendant que les antiracistes seraient les vrais racistes, le patron du PCF, sur France 2 , s’est emmanché dans cette triste voie en critiquant les réunions en non mixité, à l’instar d’un certain ministre de l’éducation nationale qui s’en est pris pour cette même raison à Sud éducation, avec le succès médiatique que l’on sait, alors qu’il a pourtant été débouté en justice pour cette même raison, ce qui est passé beaucoup plus inaperçu. Voilà donc ce que ce succédané tout aussi réac que Blanquer, mais à la sauce vaguement communiste, mais vraiment sur les bords, a déclaré :
Ces « réunions segmentées selon la couleur de sa peau, sa religion ou son sexe », ce qui « divise le combat alors qu’en face la finance est unie », plaidant pour « l’universalisme des luttes » (source). Un universalisme qu’il s’empresse pourtant d’illustrer à sa bien singulière façon, celle d’un rejet inexcusable, en déclarant ensuite qu’il convient de rejeter à leur sort dont il se fout visiblement royalement, les déboutés du droit d’asile, quelle qu’en soit la raison :
sourceCette sortie xénophobe de Fabien Roussel entre pourtant en totale contradiction, comme le relève avec justesse cet ami twittos, avec le programme du PCF :
sourceMême le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, dézingue sans grand effort le positionnement si étonnant du patron du PCF en ces termes :
« Un scandale ! » Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a vivement dénoncé mardi 22 juin, dans une interview aux journaux du groupe Ebra, « une sorte de glissement sécuritaire » des « politiques de gauche », dont Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français (PCF) avec qui la CGT a longtemps eu des liens privilégiés.
Alors que Fabien Roussel a lancé sa campagne présidentielle sur le thème de la sécurité, Philippe Martinez s’est insurgé contre » un scandale « . « Que des politiques de gauche, (Fabien) Roussel, (Jean-Luc) Mélenchon, des socialistes, proposent ça, qu’ils attaquent le droit d’asile, les travailleurs détachés, c’est grave ! C’est une sorte de glissement sécuritaire et les idées d’extrême droite aspirent tout le débat politique, même à gauche « , a-t-il fustigé.
Philippe Martinez, qui a participé comme de nombreux militants PCF à la marche contre l’extrême droite du 12 juin, a affirmé ne pas « comprend(re) comment on peut manifester contre le racisme et prendre pour cible le droit d’asile… ». « Nous, nous sommes clairs, nous nous battons pour la régularisation des sans-papiers », a-t-il affirmé.
Il a également déploré de manière générale le « décalage » entre « les débats politiciens » et « les préoccupations de la jeunesse , beaucoup plus autour des questions sociales et environnementales ».
source
Aussi, il n’est pas si étonnant, compte-tenu de ces positionnements qui entrent si étrangement en convergence avec les idées du Rassemblement National, que l’un des principaux organes de la fachosphère lui rendent un si vibrant hommage…
source : Jules TORRES dans Valeurs actuelles, (24/06/2021)Alors, quand on voit ce qu’on voit, qu’on sait ce qu’on sait (comme par exemple tout ce que nous avons eu par exemple besoin de partager avec vous ici), on a bien raison de penser ce qu’on pense… Et nous ne sommes pas les seuls…. y compris en interne. Certains messages sibyllins ne sont pas si anodins ou déplacés qu’on le penserait de prime abord, quand on a pas tout ce matos sous le capot… Je dis ça, je dis tout :
source(Et encore… par la droite… hem hem… on est magnanime. 😉
Nota bene : nous aurions pu également évoquer le positionnement anti-écologique du candidat à l’élection présidentielle. Mais nous nous en voudrions de perturber par un billet de blog d’une telle notoriété la sincérité des scrutins locaux qui s’exprimeront aujourd’hui, n’est-ce pas… Un simple exemple suffira :
source- d’ailleurs, à propos d’internationalisme, on me souffle dans l’oreillette à l’instant (d’où ma tentative désespérée de dernière minute pour me racheter ici présente en note de bas de page) qu’outre sa dimension chauvine incarnée par son nationalisme et son rejet des sans papiers, il adopte mot pour mot la propagande chinoise, comme en témoigne ce tweet d’une agence gouvernementale chinoise :
Une publication sur twitter qui a indigné à juste titre un diplomate français qui connait bien ce sujet :
sourcesourceAlors que ce qui faisait la force du parti communiste français était justement de ne pas s’aligner sur les partis communistes d’autres pays, sous lesquels il risquait en effet d’être sous la coupe, et donc de ne plus jouir d’une totale liberté d’expression, quel besoin avait donc Fabien Roussel de calquer ses éléments de langage sur celui qui bafoue le plus ouvertement les droits humains à travers le monde ? Et qui de surcroit est d’une totale duplicité dans son rapport au capitalisme, qui en fausse donc la nature, si peu communiste au sens originel du terme, au seul profit de quelques uns ?