Richard Brautigan – Tous surveillés par des machines d’amour et de grâce

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Il me plaît d’imaginer (et
le plus tôt sera le mieux !)
une prairie cybernétique
où mammifères et ordinateurs
vivent ensemble dans une harmonie
mutuellement programmée
comme de l’eau pure
effleurant un ciel serein.

Il me plaît d’imaginer
        (tout de suite s’il vous plaît !)
une forêt cybernétique
peuplée de pins et d’électronique
où le cerf flâne en paix
au milieu des ordinateurs
comme s’ils étaient des fleurs
à boutons rotatifs.

Il me plaît d’imaginer
         (et ça doit arriver !)
une écologie cybernétique
où, libérés de nos labeurs
et retournés à la nature
auprès de nos frères et sœurs
mammifères,
nous sommes tous surveillés
par des machines d’amour et de grâce.

*

All Watched Over by Machines of Loving Grace

I like think ( and
the sooner the better! )
of a cybernetic meadow
where mammals and computers
live together in mutually
programming harmony
like pure water
touching clear sky.

I like to think
        ( right now please! )
of a cybernetic forest
filled with pines and electronics
where deer stroll peacefully
past computers
as if they were flowers
with spinning blossoms.

I like to think
         ( it as to be!)
of a cybernetic ecology
where we are free of our labors
and joined back to nature,
returned to our mammal
brothers and sisters,
and all watched over
by machines of loving grace.

***

Richard Brautigan (1935-1984)C’est tout ce que j’ai à déclarer. Œuvre poétique complète (Le Castor Astral, 2016) – Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard.